Qu’il est doux de reperdre
un peu de son temps à table, surtout à celle d’un Chef qui est sans doute plus
cuisinier que purement restaurateur. En cette fin d’hiver alsacien, qui nous
propulse en plein printemps sans transition aucune, je m’installe donc dans
cette salle où rien d’autre que la vue sur Riquewihr et les différentes
assiettes ne nous concerne.
On passe vite alors sur
les mises en bouches, qui calent et préparent l’appétit, avec une grosse
mouillette de pain craquant, noix, fromage frais et herbes ciselées, puis un
second service encore plus simple dans son velouté asperge et écume de lard,
suivit d’une habitude du chef, le maki du jour, à la chair de tourteau.
En choisissant le
menu-dégustation, on sait que le plaisir sera complet, mais à ce moment-là, on
ne sait pas encore à quel point.
On débute alors, déjà
classiquement, par un foie gras d’oie poêlé, escorté de rhubarbe confite dans son
jus et le gras du foie. Celui-ci, taillé dans un beau bout de lobe, est
peut-être un tout petit peu trop cuit, ohhh rien, c’est histoire de quelques
secondes mais c’est assez rare pour être signalé. Par contre il est accompagné
d’un contrepoint des plus malins que je n’ai jamais goûté dans cet
exercice : deux lignes d’un mélange sec de ciboulette-échalote et fraises.
Tout ceci apporte un coup de fraîcheur, une pointe d’acidité, et souligne le
tout par le goût de la fraise qui va définitivement bien avec la rhubarbe, mais
aussi avec le foie poêlé. Une superbe idée qui a le mérite, en plus, de faire se
rejoindre le plat et mon vin : un riesling GC Rosacker, du millésime 2010,
et de la maison familliale Eblin-Fuchs.