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jeudi 29 septembre 2011

Dîner à la Bastide de Moustiers, dans un Ducasse middle-class



Pour tous ceux qui pensent-Provence et détestent la côte d’Azur, si vous n’êtes jamais passés par Moustiers Sainte-Marie, vous faites une erreur. Regardez-moi ce tableau…des paysages du genre de ceux qui vous installent instantanément dans un océan de sérénité.




Et comme en plus il s’y niche La Bastide de Moustiers, une des annexes Ducassienne les plus « abordables », et une belle terrasse, pourquoi se priver d’un tel détour ? nous en tout cas on a fait la route pour vous.

L’arrivée est magique, on en a déjà parlé, la Bastide a le bon goût de ne pas essayer de faire de l’ombre à la nature grandiose et on a l’impression que la cuisine en fait de même.



On attaque donc le grand-menu, par une entrée tout en fraîcheur, de celle qui vous met en route et vous installe dans le potager.

Une entrée sur la courgette, c’est sûr, ça n’enverra jamais de goût puissant, et c’est tout en douceur qu’on plonge la cuillère dans ce coulis vert tendre, que l’on vous verse devant vous, sur quelques petites surprises en fond d’assiette.

Un ruban mariné enserre quelques morceaux taillés, sur lequel repose une quenelle de brousse. Que voilà une première touche agréable, plus même que je ne l’imaginais à la lecture de l’intitulé.



Le décor est planté, ici le chef Souliac, sous la surveillance certaine mais lointaine du maître Ducasse, désire se faire simple, lisible, évident. Le service, jeune et ultra-pro, ainsi que la clientèle, business-man-à-la-cool se chargeant de faire remonter le curseur sur l’échelle sociale.



S’ensuit un plat de légumes à faire rêver, des « légumes de saison en cocotte », car quand on connaît l’importance des légumes provençaux dans la réussite du Grand Chef (d'entreprise) Ducasse, on ne peut que se laissez tenter.

Première surprise, on est en avance sur les légumes d’hiver et en retard de quelques semaines pour ceux d’été, dommage. L’assiette est néanmoins très belle, pleine de promesse potagère.

De la courge spaghettis au fond qui baigne dans une huile d’olive forcément sélectionnée, des petits navets, choux fleurs, betterave, carotte, oignons, potimarrons, tous lustrés comme à la parade s’étalent devant vous.



On attaque et on n’est pas trompé sur la marchandise, ça a le bon goût des choses vraies. Ça manque néanmoins d’impact, de marquant, on se régale bien sûr et les cuissons sont au millimètres, mais je m’attendais à plus d’émotion.

Reste que le plat de viande nous attends encore, et que le Cochon Noir de Bigorre est annoncé, en déclinaison qui plus est, pour un amoureux transi de l’animal, ça ne peut que plaire. Et ça a plu, la côte (sans os) et sa chaire est certes un peu sèche, mais le jus rattrape tout. Un chou farci est posé à côté et sa chair est des plus équilibrée.



Mais c’est, comme souvent sur les belles bêtes, l’échine qui trouve le plus de grâce à mes yeux, et nappe d’un si joli gras mes papilles. C’est là selon moi qu’on ressent toute l’âme de ce beau produit et tout le bon temps qu’il a passé chez lui.

On y est, ça y est, surtout avec deux bouteilles à deux (des 50 cl, juste la bonne taille), et on se fait servir blanc et rouge pour attaquer les fromages.

Le plateau n’est pas bien grand mais sérieusement beau, un peu total-chèvre de la région, mais la palette est large et le plaisir d’y piocher est là.



On laisse venir le dessert, sans plus rien en attendre et on a bien fait, car cet énième dessert restructuré ne nous a pas laissez de grand souvenir. La meringue est bien là, les fruits rouges sont en remplacement, la glace est bonne mais où est le lien entre tout ça ?



Pour conclure je dirai que nous avons passé une bien bonne soirée, simplement un peu moins marquante que je ne le pensais. On sent le poids de l’expérience là-dedans, on ressent la signature du Grand et l’exécution parfaite d’un bon lieutenant.

On est bien, on mange bien, dans l’air du temps et on est choyé par le service.

Le prix est certes raisonnable pour un Ducasse mais il reste marquant pour tous ceux qui ne seraient pas d’une CSP++, et à ce niveau de tarif, il manque une émotion, juste ça mais ça fait quand même beaucoup à mon goût.

mardi 27 septembre 2011

Saint Estèphe, Château MONTROSE 2007, patience et délicatesse

Une petite envie de jeunesse, un grand plaisir impatient, une étiquette de promesse, dénichée à un tarif imbattable (plus d'infos par ce lien), voilà suffisamment de bonnes raisons d’ouvrir, tout de suite, cette bouteille.

Au départ, à l’œil, le vin est carmin en plein et sérieusement foncé, au nez il envoie de la mûre précieuse et du bois d’ébène, la bouche est légère, elle a le caressant et la douceur de la soie.




Toute la finesse et la prégnance des Saint –Estèphe se retrouve ici sans lourdeurs ni fadeurs, et étant donné le potentiel de garde, il convient de lui laisser une ou deux heures d’aération (ou un carafage vigoureux) avant de terminer la bouteille.



Pour les patients, ils découvriront alors un jus plus sombre, au cœur noir d’encre, un nez bien élevé, et une bouche délicate de chair de cerise à maturité, avec la distinction d’un sang royal.


Il se fait alors fin et rectiligne, vivant et épanoui, tonique plus que tannique.






La délicatesse est entêtante, la framboise et l’encre se mêlent pour écrire un petit grand moment de dégustation bienheureuse.



Quant à ceux qui ne lui ont pas laissé le temps de se révéler dans le verre, ils auront au moins eu le plaisir de retrouver ce qu’ils aiment, la qualité et le sceau de la région, finalement sans surprise !

jeudi 22 septembre 2011

Détour gourmand dans cette Petite Maison de Cucuron

C’est au gré d’un gourmand détour sur la route du retour, que nous avons passé le moment-épicurien le plus abouti de nos congés derniers.

Dans cette Petite Maison, dans ce petit village de Cucuron, un peu en dehors des chemins les plus fréquentés, on retrouve Eric Sapet, chef de talent au cœur gros comme son appétit de vivre.


Mais aujourd’hui il est enfin dans SON antre et c’est un plaisir pour tout le monde, il propose deux menus, rien de plus mais des plats de sincérité et de gourmandise, comme cette entrée sur la tomate.



Au fond de l’assiette, un gaspa’d’jaune, joliment vinaigré, au dessus, une petite palette trois-couleurs, jaune-vert-rouge, de tomates de beau temps, chacune avec ses subtilités.
Saupoudrez, quelques herbes qui trouvent cette fois toute leurs place (clin d'oeil à P.Henry), et des épices, qui se font invisibles, pour mieux vous emporter le palais.

Posée sur le dessus, une tartine tapenade-rouget’grillé, parce qu’on est là pour se faire plaisir que diable. Alors on commence par la prendre avec les doigts, on continue par la tremper dans l’elixir de tomate, du bout des doigts, et on finit avec la cuillère, car on a aucune envie d’en louper une miette. Juste avant qu’on nous débarrasse, on ne résiste pas à l’envie d’éponger le fond du fond d’un joli pain maison.




C’est bien installé, le sourire déjà bien arrimé qu’on dévore la table en attendant la suite, et le chef a du goût, tout comme le prouve chaque assiette qui sort de sa cuisine.

Car arrive vite ce Veau, pris dans la bête, même pas dans les beaux morceaux mais peut nous importe : vous avez vu comme il est apprêté ?



Cuit tout en simplicité, il baigne dans un jus-géant, une essence de parure et de zestes d’oranges exactement blanchies, un jus d’une précision et d'une gourmandise diabolique, un jus généreux, où trempe’minute, quelques feuilles d’épinards.

Seule surnage à côté de ces deux morceaux de viande, une raviole, mais une nouvelle fois, quelle raviole ! Non pas fourrée au caviar de truffe, mais de potimarron, ça peut faire cheap, on s’en fout car, qu’est ce que c’est bon ! La pâte est molle mais se tient, la farce est évidente mais se fond, et le tout agrémenté du jus est un appel à y retourner.

On se régale de cette assiette, qui nous semblait presque trop simplette à l’arrivée mais qui repart propre comme un sou neuf, faut dire que là on n’hésite plus, je sauce vaillamment, car je ne sais jamais quand je vais retrouver « dans mon cœur ni sur ma lippe », ce goût de relâche-joyeuse, sacré nom d’une pipe !


Il y a sans doute un peu de Brassens dans ce chef, et aussi beaucoup de gourmandise à partager, preuve en est faite une fois encore avec un dessert d’écolier attablé, mais surement pas retardé.

Une confiture de vieux garçons, figues fraîches et en confiture, un fromage blanc type faisselle améliorée, quelques raisins gorgés de malice, et deux cookies tout chauds.

Si avec ça la vie ne vous sourit pas, c’est que cela ne se fera plus. Nous on est là, on a trouvé la table qui nous convenait le plus et c’est bien pour ça que ce déjeuner fut VRAIMENT, un excellent moment.






Et quand en plus le chef prend grand soin de vous cajoler ainsi, que vouloir de plus, que cette Petite Maison ne devienne pas plus grande, qu’elle reste dans son jus, tout comme nous en cet après-midi, heureux, repu.

mardi 20 septembre 2011

Condrieu 2001, "Les Chaillés de l'Enfer", du Domaine Georges VERNAY - un viognier tout en netteté

Encore un Condrieu, encore un Viognier, mais plus on avance dans la connaissance, plus on aime à rechercher la maîtrise, la netteté ; et la voici trouvée.

Car ce vin de 10 ans, qui déploie une robe d’un bel or patiné qui reste néanmoins étincelante, et des bords gras qui voile verre n’arrive pas à cacher son incantation au Soleil.







Son nez est chaud, miellé bien sûr mais aussi fortement matiné de fruit jaune dès l’ouverture. La bouche alors développe son gras et son essence de jasmin, tout de suite équilibrée par une pointe de curry.

Avec le temps (une heure ou deux), tout ceci s’installe encore mieux, prend de la puissance. Au nez surtout, qui montre son côté entier, total, à tel point qu’on pourrait déplorer quelques nuances.

Mais c’est la bouche qui se fait alors incroyable de jeunesse, de netteté, et on se plaît à se perdre dans ce riad moyen-orientaux, tapisser persan, avec des relents d’huile d’argan.



Après la fougue du jeune Gangloff 2006 d'Avril dernier, ou la classe du Grillet 96 de l’été passé, on touche là à un nouvel opus des environs des plus passionnant, avec son socle sérieux, déterminé à vous montrer sa force et son équilibre.

Alors pour faire passer ce vin définitivement à la hauteur supérieur, on s'excite à imaginer dans ce jus gras mais néanmoins d’une netteté qui semble être à toute épreuve, des accords de très haut vol. On rêve alors d’échange sans doute infini avec quelques notes de poire au curry, de sésame ou de cette noble huile d’argan qui ne vous quitte plus une fois que vous l’avez en tête.

Comme ce cépage si volage et cette appelation qui me trotte souvent en tête quand vient le temps du repos forcé.

jeudi 15 septembre 2011

Vous reprendrez bien quelques restes d'été ?

De retour de mes villégiatures épicuriennes, je reviens avec pleins de ‘’restes d’été ‘’ à vous faire déguster ces prochaines semaines, histoire de faire durer le plaisir.







On s’est régalé, vous vous en doutez, de ces belles pièces méditerranéennes aux beaux yeux comme de paysages et villages de toute beauté.



On s’est délecté autour de tables étoilées, mais aussi devant des plats plus abordables et adorables que je vais bientôt vous conter : de simples crêpes devant une vue époustouflante à Rougon, à quelques légumes siglés Ducasse au pied de Moustiers.









On a bu aussi, on a vécu, on en a profité, avec quelques belles quilles à peine partagées (ça change) et je vais bientôt revenir sur de grands plaisirs signés Vernay, Montrose, Selosse et consorts.

Ca en fera bisquer quelques-uns, à n’en pas douter, ça redonnera sérieusement envie de ''farnienté'' dans la campagne avignounaise à d’autres, et de découvrir le jardin et quelques plats de cette adresse soigneusement cachée.






Mais ça vous prodiguera surtout je l’espère, des fourmis pleins les papilles, comme celles que j’ai eu avant d’attaquer cette sublime Langouste Royale - bien réveillée - à la chaire d’une pureté incroyable , en provenance direct des eaux immaculée des Iles du Levant.








Alors, haut les cœurs, c’est la rentrée, mais on va s’en pourlécher les babines, et attendre patiemment une autre saison délicieuse…
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