Si le marché des vins d'Ampuis m'était conté...

Après des semaines d'hésitation, je me décide (enfin dirons certains) à être raisonnable, et à finalement ne pas me déplacer jusqu'à ce rendez-vous heureux de mes débuts d'année épicurien.

Mais bon l'imagination et surtout les souvenirs entêtant permettent tous les voyages, même immobile. Alors ensemble on peut tout à fait y retourner dans cette fête, de toute façon bien trop courte pour nous permettre de tout (b)voir.

Réunion de famille nombreuse et dégustation en milieu "olfactivement" hostile

Car si j'ai appris une chose ces dernières années, c'est que malgré la taille relative de la salle, la pléiade de vignerons vous force presque à prendre votre temps.

Regardez par vous même le programme et cette brochette de talent, présenté en toute simplicité, chacun avec un stand de même taille, qu'on soit Guigal ou Voge, Gangloff comme Chapoutier.

Difficile en une journée pleine, même vaguement studieuse, de faire le tour des tentations, et de toute façon je ne pense pas que ça soit humainement possible.
Je ne m'attendais d'ailleurs pas à ce jour où mes dents ont vacillées devant le liquide...la force du fruit, la brûlure des tannins, l'acidité de la pente.

Grimper la Côte au petit matin, la descendre tout au long de l'après-midi

Mais devant ces petits désagréments qu'on oublie vite, il demeure surtout ces quatre cépages, deux maîtres et ses fiers vassaux: Dame Syrah et sa Majesté Viognier, escortés de Marsanne et Roussanne.

De cela découle surtout un kaléidoscope de vision, d'esprit, et des vins abruptes, forts et musclés, terrorisés par l'érosion, embellis par le fleuve et finalement magnifiés par la main de l'homme.

Il y a surtout ces terrasses qui annoncent bien des plaisirs et qui prouvent l'abnégation des grands hommes du vin, Mr Marcel Guigal en premier de cordée.

Pas de longue dégustation pour moi cette année donc, mais j'espère que certains des

yeux-anonymes qui me lisent n'ont pas loupé ce premier rendez-vous de l'année.

Qu'ils ont profité pour moi de ces blancs tout en longueur, qui semblent jonchés de fruit jaune à maturité, et vaporisés aux essences puissantes de quelques fleurs riches et violettes.

Et surtout qu'ils ne sont pas passés à côté de ces rouges tout droit perchés, à la peau burinée de cuir et de fruits noirs, épicés à souhait.

En tout cas vous pourrez compter sur moi pour l'année prochaine....et plutôt deux fois qu'une.

Deux quilles de compétition et de compensation, claquées sur l'Envie, malgré l'infanticide évident. Plus d'infos bientôt sur ce blog, bien évidemment...

2010, Vers une promesse de dégustations heureuses

En cette année 2010 qui démarre fort, plus que jamais il faudra se régaler de ce que la Nature domptée nous offre, de ces milles effluves, du jus de la Terre et de ces fruits magnifiés.

Car le vin, s'il propage avec lui une foule de culture et de bonheur, est surtout la sève qui irrigue, plus ou moins fortement selon les goûts, nos vies et nos envies.

Tableau lumineux du fantasme d'un buveur-dégustateur

Pour les immenses occasions ou juste pour le plaisir de la perfection, on pourra goûter avec parcimonie, le plus pur génie français.

Des bouteilles qui font danser les adjectifs, briller les yeux et qui nous donnent à goûter l'Histoire, et nous permet d'être témoin-direct d'une part de ces pages les plus glorieuses.

La Tâche 1984, Domaine de la Romanée Conti, souvenir oeno-marquant

Mais fort heureusement, il n'y a pas que de ces sommets dont on se repaît, tous les vins de sincérité sont élus sur nos tablées, tous les vins de copains, qu'on partage l'oeil pétillant...

Toutes ces appellations qui ont la volonté de ne pas tomber dans les facilités, tous ces hommes et toutes ces femmes qui aiment leurs terroirs et ne lui demandent qu'à se révéler aux papilles éveillées.

La petite folie de Mr Bonneau, son ovni-évident, Les Rouliers en mode 2003-2004

Quelle que soit sa couleur de peau ou de jus, sa région de provenance, nous promettons de nous intéresser à lui, à son origine, à sa vocation.

Nous lui promettons surtout de le boire avec soif et discernement, ce qui me semble bien plus juste qu'avec modération, parce que comment, et surtout Pourquoi (?) se laisser ficeler par la modération quand les vins sont si bons...

Mon Condrieu passe-partout de l'année, Les Terrasses du Palat 2003 de Mr Villard

Pour l'instant je vous abreuve de vin de tout le pays, vous vante les joies de la découverte, mais un amoureux du vin qui ne connaîtrait pas au mieux sa région manque une part immense de la vérité.

Surtout quand cette région est l'Alsace, la région viticole qui ne cesse de monter ; pas dans nos coeurs mais plutôt dans ceux des dégustateurs (sérieux ceux-là) du monde entier, précurseur d'une ruée prochaine qui je l'espère, ne nous barrera pas l'accès à nos meilleurs crus.

L'autre preuve de la pureté-Trimbach, cette SGN Gewurztraminer de 1983...Formidable !!

Il y a des maisons comme celle ci-dessus dont je ne doute absolument pas de la générosité, j'aurai sans doute bien longtemps encore la chance de goûter à leurs "évidences d'Alsace", mais j'espère surtout que le succès, ou la reconnaissance du succès, ne va pas faire trop augmenter les prix de tous les autres grands vins alsaciens, que tous les amateurs puissent continuer à fêter leurs régions à grands coups de belles bouteilles, de grands terroirs, de viticulteurs de talent.

Mais au fond de moi tout ceci je n'en doute pas, en Alsace ou ailleurs en France, il restera toujours de quoi nous régaler, nous instruire, nous faire grandir, il restera toujours du vin, du vrai, celui qui surligne tous les grands moments de Vie.

Pour ceux qui ne veulent pas finir la tête à l'envers, comme ce Palmer 1989, il est plutôt conseillé de consommer le vin avec discernement.

2010 en amuse-bouche

En ces débuts d'années que faire d'autre de mieux que de rêver...rêver à d'autres agapes et haut plaisir du goût, rêver que l'inspiration, comme l'amitié et l'amour ne se tarissent jamais.

Alors pour conjurer tous les mauvais sorts, amusons-nous les papilles, titillons-nous la bouche de ces amuses-gueules qui - malgré ce que préjuge tous les François Simon (pas assez nombreux, on s'entend) - commencent bien un repas comme une année...

Débutons par la perfection, parce que ces vives bouchées, ces croquettes justement citronnées, cette tuile de parmesan-moutardée et pastèque poivrée, ou cette sucette de tomate rôtie toute en surprise savoureuse, ne peuvent qu'exciter nos appétits de croquer la vie.

Bien sûr, on ne sera, et de loin, pas obligé toute l'année de s'astreindre à la haute perfection et aux grandes réflexions.
A la maison la simplicité suffit : quelques crevettes et carpaccio de magret de canard, marinés séparément avec amour dans le même ultra'mix-asiatique, servis ensemble en un chatouillant duel avec un rouge suave du Domaine de L'Argentier (100% Cinsault, c'est possible...et ça peut être beau).

Bien sûr, même en homemade on peut chercher les sommets, comme avec ce tartare des premières coquilles saint-jacques de novembre, mouillé à l'huile d'agrume, et agacé par les

coeurs de grenade et de passion.

Et pour un verre au diapason, faut penser à chercher ce Riesling Schlossberg 2007 de chez Albert Mann caché tout en fond de cave...en tout cas avec ça, moi et les miens, on est monté bien haut.

Mais au resto comme à la maison, seul ou dignement accompagné, que nous faut-il pour bien commencer une année ? : rien d'autre que quelques légères gourmandises et suffisamment de déraison pour penser que ces années de plaisir, jamais ne s'arrêteront...

Noisettes grillées au curry, Tuile de pied de porc, glace graines de moutarde...2010, No Fun ?

Happy epicurean year

Après cette pause bloggesque bien méritée et une fin d'année agitée et extatique, il est temps de reprendre le clavier pour souhaiter à mon tour, une superbe année épicurienne à tous.



Vous les échauffés du godet, les combattants de la morosité armée de fourchettes de compétition, de gracile coutellerie, ne perdez jamais l'Appétit de vivre et votre Soif inextinguible de connaissance.

Vive la Vie...celle qu'on partage