Un Côte de Provence
auto-désigné « Cru classé », énorme au bout de presque 15 ans, ça
fait beaucoup de découverte pour vous, moins pour moi qui suis ce domaine
depuis plus de 10 ans, mais j’avoue que cette bouteille m’a tout de même
surpris.
Seule rescapée en fond
de ma cave, je décide - pour me préparer les papilles aux succulences de Pâques
- de l’ouvrir pour savoir si ses promesses de jeunesse se poursuivent, et je
peux désormais vous assurer que c’est le cas.
Dès l’ouverture et
durant ces 2-3 heures de vie, sa robe est de première jeunesse ou presque, sans
aucune trace d’évolution, profonde et carmin au cœur, on a même l’impression
qu’elle devient de plus en plus foncée.
Le premier nez est très
expressif, sur un bouquet d’herbes fraîches méridionales et une touche de
mûre-cassis. La première bouche est fraîche et dense, presque dure, avant que
cette fermeté ne se transforme en puissance.
A ce stade, je suis
totalement rassuré, voire même subjugué et me dis que cette bouteille fera un
accord « vies, mets et vins » fabuleux avec une épaule de cabri
achetée dernièrement, qui attendait un autre vin pour le lendemain, et qui se
languit au frigo. Qu’à cela ne tienne, on prend de l’avance, on jette
nonchalamment l’épaule sur la lèchefrite, dûment frottée à l’huile d’olive et
aux herbes corses, en l’escortant des premiers primeurs de l’année.
Au bout d’une heure le
nez évolue vers la tomate à pleine maturité et la mûre sauvage, les effluves se
tendent sur l’encre de chine, il y a de la distinction dans ce passage en
force. La bouche perd du fruit mais gagne en thym-tanné, et elle garde son
touché soyeux.
Emporté par la fougue,
j’en oublie quelques minutes de trop mon cabri au four, tant pis ; cela a
fait compoter les légumes éparpillés, dorer plus encore les petites rattes et
améliorer les premiers barigoules. L’accord avec ce vin est évident et
original, il nous-vous changera de l’habituel Pauillac et autres Châteauneuf-du-Pape.
Le vin se termine sans
difficulté, malgré sa puissance qui me fait dire qu’il restera au niveau
pendant au moins 10 ans encore ; même s’il a perdu en plaisir intense par
rapport à sa jeunesse, il a gagné en prestance. Il se termine sur des notes de
peau de cerise noire au nez, sur une pointe d’eucalyptus en bouche, nous laisse
un beau sourire et une grande envie d’en encaver à nouveau.
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