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vendredi 3 mai 2013

Vins de Savoie: Belluard-Magnin-Grisard, mais aussi les autres...

Vous avez raison, on commence à le savoir que je suis parti en Savoie, mais avec ce que j’y ai goûté vous n’avez pas fini d’en saliver. On a déjà évoqué le haut du panier gastronomique, maintenant on va passer aux vins les plus passionnants de la région.

Une première étape obligatoire pour tout amateur-professionnel, dont on rabat les yeux et oreilles avec Belluard depuis quelques années, c’est de savoir insister pour être reçu chez eux, à Ayse. Cela permet de se confronter au paysage et au climat dont on a peut de mal à envisager le côté original. Et que dire de cette technique de vinification…
Alors,  quand en plus une famille lui impose le cépage Gringet, sans doute là déjà avant notre ère et dont pourtant il ne reste plus que 22ha, on touche forcément au passionnant.




Alors bien sûr il n’y a rien à vendre et peu à déguster mais Valérie ou Dominique, exceptionnellement, seront là pour nous expliquer l’esprit de ces vins d’Alpes et de Feu, deux de leurs cuvées qui ne sont tranquilles que d’apparence. 
A force d’abnégation de ma part et de générosité de la leur, on finit par goûter, après la bulle tradi, la cuvée « Mont-blanc », une sélection non dosée qui donne des bulles plus pures à mon goût ; et en tout cas ces deux effervescents inconnus sont une nouvelle petite révélation. Et que dire du Feu 2007 formidable de complexité, de fruits jaune non-pâteux de début de bouche et de la tension agrumineuse qui termine la dégustation, à part merci d’avoir ouvert cela pour moi alors que deux heures plus tôt, on ne se connaissait pas.

J’étais d’autant plus heureux de goûter le petit nouveau en action, à la table du fameux Flocon de Sel*** (si tu as loupé le compte rendu épicurien de mon repas là-bas, c’est mal, mais tu peux le retrouver ICI), sur la tarte d’asperge de Sénas. Ce Feu 2011 est forcément un peu-beaucoup effacé au nez et avec plus de fruits blancs par moment, mais il a la bouche vibrante qui prend de plus en plus de puissance à l’aération. C’était bien mais il convient tout de même de l’attendre encore au moins un an visiblement.


Mais bon, on ne va pas faire tout le-les repas avec les stars de la région, alors on déguste, on demande à taster et on a découvert des choses passionnantes.

Dans le registre « Rousette-simplette » déjà, que tous les buveurs de vins de la région, qui en ont vu d’autres pourtant, semblent détester d’emblée.  Moi j’ai trouvé cette Altesse Zulime 2010 d’Adrien Berlioz simple mais éminemment sympathique et fort bien faite, sur des notes fleuries et sèches. J’ai été encore plus étonné par la cuvée Quartz 2011 du Domaine des Ardoisières, un vin de tout petit rendement avec un corps certain, du gras en entrée, des notes de miel aussi qui s’étirent sur le fruit jaune, bref un vin très rhodanien mais qui manque un peu d’équilibre à mon humble avis.
Je finirai par évoquer le millésime 2009 du Domaine St-Germain, avec plus de race et plus de tension, qui me semble emprunter les qualités des deux premiers vins cités. On le goûtera sur le gâteau de pomme de terre et féra fumé du chef Yoann Conte et ce fut un grand moment.


Ensuite on monte d’une appellation pour évoquer deux Chignin-Bergeron, dont un 2008 de Louis Magnin d’une puissance remarquable et remarquée, d’une virulence tempérée. La bouche était végétale, et le corps, bien sculpté et orné de fleurs blanches de caractère. 
On a aussi découvert le 2010 des fils de René Quenard, plus élevé, sans le goût mais avec l’effet du bois. Cela lui permet d’avoir du gras en début et de finir plus sur la fraîcheur et il se fera très bien sur le fameux gâteau de brochet de lotte du lac du chef Renaut.


Mais il nous fallait ne pas faire l’impasse sur le rouge, alors on a consciencieusement vidé cette 2007 des fils de Charles Trosset, accompagnant une côte de cochon gigantesque. Le vin révélait un visage serein, des fruits rouges marinés aux épices froides et un corps fuselé, sans aucune lourdeur mais avec un bel impact. 
Sinon, et pour être plus sérieux, on a adoré le 2010 du Domaine des Orchis de Philippe Héritier, sans doute le seul en France à cultiver la vigne et….l’escargot ! Son vin en tout cas est superbement bien fait, très juteux et gourmand au nez avec sa signature cassis. En bouche il était plus simple et gouleyant  mais il lui reste la puissance du cépage qui l’anoblit quelque peu, il sera le compagnon d’intention d’un pigeon cuit au foin. 

Pour en finir avec les rouges et les stars de la région, on se frotte à une Mondeuse 2003 de Michel Grisard, un vin au nez encore très fruité, mais moins simple que les deux précédents. Le nez est plus complexe donc et donne le top à une bouche plus équilibrée, sur l’évolution mais gardant un effet-frais, printanier, la puissance est là plus intégrée, plus équilibrée, comme c’est très souvent la signature des bons vins, à maturité.


On termine là cette découverte, ces premières réflexions et dégustations de vrais bons vins de Savoie en se disant que, décidément, une vie ne sera jamais suffisante pour faire le tour de tout ce qu’il y a de bon, voire de beau, voire de grand dans la France viticole, et que, finalement, qu’on ne puisse plus boire de premier GC classé de Bordeaux ou de bons-faiseurs sur Grand Crus bourguignons n’est pas grave du tout, tant qu’il nous reste toutes ces beautés à découvrir et à dompter...

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