Autant l’avouer tout de
suite, cette entrée fût en même temps une des plus belles dégustées ces
derniers mois et une des plus frustrante aussi...je vais vous expliquer
pourquoi.
Il y a quelques
semaines, j’effectuais mon passage annuel et obligatoire à la table du doux
sorcier jurassien, Jean-Paul Jeunet. Comme à l’accoutumé et grâce à son site internet
impeccablement mis à jour, je passe m’ouvrir l’appétit durant les jours précédents
sur sa carte et je tombe sur une proposition immanquable pour tous les fous’d’food :
les premières morilles fraîches !!!
Les premières morilles
de la région sont parfaites, pas trop grandes et plus concentrées en goût, tout
en gardant une délicatesse toute printanière. Le foie gras dont elles sont délicatement
fourrées propulse plus le goût qu’il ne le déguise. En fait il s’échappe du
champignon à chaque fois qu’on mord dedans et ajoute du plaisir au plaisir,
tout en donnant plus de longueur au plat. Le porc confit est aussi beau qu’efficace,
et le mariage morille/foie gras/cochon est d’une évidence gourmande qui donne
envie de rire tellement il me réjouit.
On n’oublie surtout pas
le jus, formidable et précis, comme souvent dans cette adresse, ainsi qu’une
quenelle tellement forestière qu’elle compense le manque de matière de cette
superbe entrée.
Car le seul problème c’est
celui-ci, j’avais choisi exprès cette entrée « à la carte », pour
avoir le plaisir d’y revenir, encore et encore, pressentant le plat génial et
avec six morilles ce ne fut pas possible. Petite précision, si vous me voyez le
regretter publiquement devant vous, chose assez rare sur ce blog, c’est que j’en
ai parlé directement avec le maître d’hôtel bien sûr.
La seule chose
frustrante dans cette assiette, c’est qu’on en aurait bien mangé deux, voire
trois tellement ce plat est un parfait mariage et une irrépressible envie de
saison.
Surtout quand, avec cela,
on boit la dernière bouteille en cave de Savagnin ouillé du mythique Fanfan
Ganevat, sur le millésime 2000. Un vin au jus intense et pourtant évanescent au
nez et qui se renforce en bouche. Une
bouche longue, infinie, puissante et finalement, assez légèrement « sous-bois »
et qui fera un accord joyeux et génial. Il permettra aussi de passer sur ce
petit désagrément, bien vite effacé pour ne me laisser, quelques semaines plus
tard, que le goût de cette superbe assiette qui me reste gravée sur les
papilles…
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