Après
avoir digéré cette journée intense et passionnante, après avoir laissé passer
l’eau et le temps nécessaire sous les ponts, il est venu le temps des
enseignements et des conclusions.
Sur le salon tout d’abord
Mon
pronostic chiffré était le bon (entre 500 et 1000 pros), l’intérêt, du métier
de la restauration, des cavistes et autres revendeurs de la région, a été
manifeste ; celui de quelques grands noms du journalisme, avides et déjà
attirés par les beaux rieslings, n’est pas contestable.
Qu’il
est agréable pour la reconnaissance de nos meilleurs vins, de voir tant de
«têtes connues » passer aux travers des allées pour taster ce qui fait la
fierté de l’Alsace.
Qu’il est bon de surprendre des conversations du style
« on n’était pas nombreux ce matin au départ de Paris, ils n’ont encore
rien compris aux vins, sûr que dans deux ans ils vont se battre pour en
être » (véridique).
Alors
bien sûr certains ont décliné l’invitation au dernier moment, tous les pontes
ayant donné leur mot d’excuse circonstancié, l’honneur (comme l’intérêt) est
sauf et je suis persuadé que dans deux ans, l’envie des prescripteurs sera
démultipliée, j’ai d’ailleurs quelques idées pour ce faire…
Sur les vins surtout ensuite
Si
le succès est à la clé, il faut avouer que c’est surtout en grande partie grâce
aux sols d’Alsace et aux vignerons qui
les travaillent et les veillent pour en tirer tout le sel et la meilleure expression.
On savait que globalement, en sélectionnant on avait du qualitatif, du sérieux
et du très bien fait, et après avoir goûté personnellement 111 vins provenant
de 23 domaines différents, la preuve s’impose à moi.
Pour
tirer des conclusions ou les meilleures pistes je vais repartir sur le constat
qui m’a sauté aux papilles lundi. En ce qui concerne les millésimes, je retiens
2007 pour le plaisir qu’on a de les
ouvrir en ce moment et les 2010 pour la somme de promesses qu’ils nous démontrent
à chaque dégustation. Pour ce qui est des terroirs, j’aime à retenir le modèle
des sols calcaires et la nouvelle image de l’Alsace aux travers des sols
granitiques. Pour finir, nous évoquerons les terroirs atypiques et les
liquoreux, d’autres fiertés régionales.
Millésime 2007
Un
peu décrié par certains, il est pourtant mon millésime de plaisir-immédiat
depuis au moins 2 ans. L’entrée en bouche est souvent plus tendre et plus
facile d’accès que le précédent et les suivants, mais le vin a une tenue, une
personnalité passe-partout et un caractère aromatique bien à lui. Je retiens
dans ce millésime quelques bouteilles tels que :
GC Schoenenbourg, Dopff au Moulin, déjà
évoqué ICI
Breitenberg, Domaine Kubler, avec sa
belle définition
GC Kirchberg de Ribeauvillé, Domaine
Louis Sipp, pour son équilibre
Cuvée Frédéric Emile, Maison Trimbach,
pour son gras en entrée, bien serré ensuite par l’intensité
Millésime 2010
A
mon goût, sans doute le plus grand millésime, en tout cas le plus prometteur
depuis l’entrée du millénaire. Il a tout, le sérieux, le corps, la droiture,
l’intensité folle et une belle colonne vertébrale acide. On pense fatalement à
2008 quand on le goûte mais avec un surcroit de matière. Une année, qui, quand
elle a été maitrisée, donne des vins THD ! (très haute définition), en
voici quelques exemples parmi tant d'autres :
GC Schlossberg, Domaine BOTT-GEYL, car
il sera sans doute plus vite prêt que les autres
GC Zinnkoepflé, Domaine Agathe BURSIN,
pour les mêmes raisons et une belle définition
Fronholtz, Domaine OSTERTAG, déjà évoqué
ICI
GC Altenberg de Bergbieten, Domaine
Etienne LOEW, pour sa franchise et sa précision
Les terroirs calcaires
Ils
sont l’image du sérieux et de la pureté, surtout quand ils sont bien tenus et
pas trop surexposés au soleil. Il faudra dans ce cas dompter la vigne pour
rester plus raisonnable et dans une image plus pure. Ils sont surtout, grâce à
de beaux noms dans tout l’éventail de prix et de plaisir, une belle vitrine
pour ce cépage. J’en ai retenu quelques uns :
Clos Sainte Hune 2006, Maison TRIMBACH, déjà
évoqué ICI
GC Rosacker 2008, Domaine AGAPE, déjà
évoqué ICI mais vraiment beau à mes yeux
GC Furstentum 2010, Domaine Albert MANN,
déjà évoqué ICI
GC Furstentum 2005, Domaine Paul BLANCK,
pour sa complexité naissante
GC Zinnkoepflé 2004, Domaine Agathe
BURSIN, pour son nez verveine et sa bouche silex
Plaenzerreben de Rorschwihr 2000,
Domaine ROLLY GASSMANN, pour sa précision
Clos Saint Landelin 2008, Domaine René
MURE, déjà chroniqué ICI
Les terroirs granitiques
Ils
seront sans doute parmi les vins les plus recherchés ces prochaines années,
tant les nouvelles grandes maisons de qualité mettent l’accent sur ces
terroirs. Ils sont aussi une image quelque peu différente, mais toujours aussi
appliquée de l’expression du cépage. La définition des vins s’en trouve souvent
renforcée et leur évolution dans le
temps est sans doute plus largement compréhensible par le plus grand monde.
Dans la série, j’ai été convaincu par certains :
GC Wineck-Schlossberg 2008, Domaine JM
BERNHARD, pour sa bouche millimétrée et citronnée
GC Sommerberg 2008, Domaine Paul BLANCK,
déjà évoqué ICI
GC
Schlossberg 2010, Domaine WEINBACH-FALLER, pour sa précision
GC Brand 2009, Domaine WEINZORN, pour
ses fruits et sa souplesse
Les terroirs atypiques
Le
sol d’Alsace est également connu pour être un immense puzzle ou les roches
s’entrechoquent, il en découle nombres de visages différents et des
possibilités quasi-illimitées. Difficile de sortir une trame de ces vins aussi
dissemblables mais il leur reste le cépage comme dénominateur commun.
Voyons cela :
GC Schoenenbourg 2008, Domaine Marcel
DEISS, pour sa bouche totalement sensationnelle
GC Hengst Samain 2008, Maison JOSMEYER,
pour son acidité mieux intégrée et son citron vert
GC Geisberg 2008, Maison André
KIENTZLER, pour sa puissance végétale et sa pulpe d’agrumes
GC Muenchberg 2010, Domaine OSTERTAG,
pour sa longueur, son gras, son fruit, son plaisir
GC Rangen de Thann 2010, Domaine
ZIND-HUMBRECHT, pour sa grande complexité à peine révélée
GC Kastelberg 2008, Domaine Marc
KREYDENWEISS, pour son schiste et son lardé-camphré
GC Kastelberg VV 2009, Domaine Guy WACH,
pour ses épices et son originalité extrême
Les liquoreux
Passer
à côté de cette vérité est un péché, le riesling donne droit à un des vins
liquoreux ou moelleux les plus intéressants au monde. L’acidité met en balance
la matière et la charge de sucre, le savoir-faire alsacien s’occupe du reste.
Au final un bonheur sans fin et sans lourdeur, capable de quelques
miracles tel que ces :
Vendanges Tardives 2010, GC Brand,
Domaine ZIND-HUMBRECHT, pour son équilibre gras-frais et son final filant.
Sélection de Grains Nobles 1999, Maison
HUGEL & Fils, pour son modèle
Sélection de Grains Nobles 1998, Vin de
‘’Glace’’, Domaine PFISTER, pour sa puissance folle et son coing rôti
Sélection de Grains Nobles 2009, GC
Shlossberg, Domaine WEINBACH-FALLER, pour sa bouche séduisante et ses notes de
mandarines et oranges confites.
Alors
bien sûr je n’ai pas tout goûté, je n’ai même pas pu passer chez tous ceux que
je voulais voir (Boxler, Mochel pour ne citer qu’eux), mais j’ai quand même
ressenti, comme beaucoup de présents, la grandeur et le potentiel de ces vins
fabuleux de fraîcheurs, de puissances et de personnalités.
A
vous désormais de partir à la recherche de votre graal grâce à ces pistes et
conseils et à moi, encore une fois, de dire un grand MERCI aux organisateurs et
un immense RESPECT aux vignerons.
2 commentaires:
Bravo, gros boulot de supervision et de synthèse.
Selon moi (ça n'engage que moi), un beau Riesling ne se dévoile pas instantanément. Le Riesling idéal serait plus un "vin de pierre" dont le fruité se révélerait de manière patiente lors d'une dégustation. Pour arriver à ce bel arôme, il faut parfois y mettre le temps nécessaire en cave surtout sur des crus et des terroirs de 1er choix.
Mathieu.
Merci Mathieu. Effectivement un beau riesling prend du temps pour se fondre, et 2010 en est un bon exemple, il n'est qu'en début de vie, on y trouve déjà bien des choses mais dans 2-4-6-10 ans il sera d'autant plus fabuleux, droit, complet...
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