Horrible, honteux...un plat difficile à digérer !

Jamais, depuis 2007 et la création de mon blog, je n’ai fait un article à charge, jamais je ne me suis énervé devant vous. Non pas que tout ce que je goûte soit magnifique, plutôt que je ne veux pas perdre mon temps à parler du pire, je préfère largement prendre de mon temps pour vous donner envie du meilleur. Mais en cette semaine d’indigestion plus encore, trop c’est trop, c’est même la honte de pouvoir proposer et poser une telle assiette devant un client.

Et quand vous en saurez plus, quand vous aurez regardé cette photo attentivement, je suis sûr que vous aussi vous aurez du mal à digérer. Ce plat, (mal) choisi à la carte d’un restaurant reconnu dans le guide Michelin, dans un célèbre village viticole de France, est une entrée et s’intitule « Papillotes de foie gras et cèpes, bouillon de queue de bœuf et sa panna cotta ». Cette entrée, vendue à 22 € (!!!) est sans doute le plat le plus moche qu’il m’ait été donné de rencontrer. 

Plus que moche, c’est même horrible, surtout quand on a faim et envie de se faire plaisir, de voir arriver cette grande assiette, vide, hormis ce sac plastique…nous qui espérions une vrai papillote en feuille de brick. Imaginez l’interrogation quand on vous ouvre ce sac et que vous découvrez ça ! Cela baigne dans un gras dégoûtant car bien trop présent, mais le pire, c’est l’état du foie et des cèpes. Bien sûr on savait qu’à cette époque les cèpes ne sortaient pas le matin même de la forêt d’à côté, mais là, ce sont des tronçons insipides et mal dégelés. Bien sûr le foie gras poêlé n’est pas franchement mauvais, mais il est abominable visuellement, trop cuit, et il semble avoir lâché tout son gras, et même plus encore.

 Au fond de la seconde photo, si vous faîtes attention, vous verrez dans une petite verrine, « sa panna cotta » fastidieuse car sans goût précis ni caractère, surmontée d’une pique de queue de bœuf, sèche. Bref, ce plat, c’est la cata !

Alors pour tout vous dire, tellement pris par ailleurs et par d’autres soucis majeurs, on n’a même pas eu l’envie de renvoyer cette assiette et de faire le scandale qu’elle méritait, on s’est rabattu sur la bouteille de blanc qu’on a sifflé en parlant/pensant à autre chose. La faute à la flemme et à l’envie de ne pas nous énerver pour cela.

Pourtant il faudrait s’énerver, il faudrait renvoyer illico cette assiette, il faudrait demander au chef de s’expliquer, car on peut ne pas aimer un plat, on peut lui trouver quelques défauts, mais quand l’assiette n’est QUE défauts, à 22€ l’entrée dans un restaurant somme toute « normal » et recommandé,  il faut s’insurger, car c’est la honte de notre paysage gastronomique.

Mettons-nous à la place de celui qui ne fait qu’un seul « grand restaurant » de cet acabit dans l’année ou dans sa vie, imaginez les nombreux touristes qui passent par-là, font un seul repas dans le pays et choisissent cela…eh ben, bonne apathie…mais quelle image de merde cela nous donne ! et c’est cela qui est véritablement honteux.

Une fois n’est pas coutume, j’ai mal sélectionné mon adresse et j’ai mal conseillé mon invitée sur un plat, je l’avoue, heureusement, ce n’était pas pour un de mes clients mais pour ma chère et tendre et moi-même.

Rassurez-vous je me suis rattrapé et consolé depuis à d’autres tables, mais vous, vous ne devez pas hésiter, dans un tel cas, à renvoyer l’assiette et à faire des remontrances aux responsables, idéalement sans ruer dans les brancards. Quant aux restaurateurs qui me lisent, s’il vous plaît, n’osez plus jamais servir des choses comme ça.

Dernier point, certains voudront sans doute que je donne l’information, que je donne le nom du restaurant, j’ai longuement hésité à aller jusqu’au bout et à vous le livrer en pâture, mais la balance n’étant pas vraiment le signe et l’esprit de la maison, je garde cela pour moi, et pour ceux qui font appel à mes services et conseils épicuriens, bien évidemment...