C’est l’histoire d’un
vin atypique, sûr de lui et de sa force, tellement qu’il se fout totalement d’être
fait d’un cépage de prolétaire planté sur une des terres les plus nobles de sa
région…et vous voulez que je vous dise, cela lui fait le plus grand bien.
Au menu : un vin de
la fameuse famille Meyer, du Domaine Josmeyer à Wintzenheim, un pinot auxerrois
et des pieds de vigne de plus de 60 ans apparemment, plantés sur le Grand Cru
Hengst par des aïeux inspirés.
A l’ouverture, il nous
dévoile sa robe diaphane, légèrement jaune argenté ; il nous fait sentir toute
sa vigueur et un côté végétal signé, très vigne vierge. Pourtant sa bouche est
d’un sérieux, d’une puissance, d’une simili-dureté qui lui donne presque une
fraîcheur électrique.
Si ces caractéristiques
ne sont pas étonnantes sur un tel millésime d’acidité et sur un terroir aussi
puissant, ce cépage « simple » nous surprend par sa tenue impeccable,
et parce que nous pensions qu’avec cinq ans de bouteilles, il se serait un peu
détendu.
Mais force est de
constater que, même après deux heures d’aération, il garde ses
particularités avec une robe qui tire de plus en plus vers l’or blanc, un nez
qui montre des traces de groseille (à maquereaux) et de prune blanche, et une
bouche qui s’intègre certes de plus en plus, mais qui évoque maintenant un côté
poivré en final, presque wasabi ! (ou raifort pour les alsaciens)
Ce vin difficile d’accès
a priori, se révèle néanmoins passionnant, car il garde de la pureté dans sa
virilité et développe de plus en plus de longueur.
Le premier soir, avec
son caractère, il se fit bon compagnon d’un Shiffala (de la palette de cochon
fumé pour les non-résidents) et d’une salade de pomme de terre, un plat simple,
franc et roboratif, qui concourt bien avec le caractère bien trempé du vin.
Mais alors que l’on ne s’y
attendait plus, le lendemain il se fond tout de même en une matière bien plus
tendre, plus sur le cépage. La trace du terroir et d’une certaine grandeur reste
bien marquée néanmoins, et on constate alors avec tristesse, n’en ayant plus en
cave, que ce vin à encore un paquet de belles années devant lui.
Avec cette finesse et une
légère douceur retrouvée, cette noblesse et cette longueur qui semble encore se
développer, on aurait rêvé de le mettre sur ce premier plat d’asperges-morilles de la saison, dégusté chez un ami cuisinier la semaine passée. J’imagine totalement
son touché de bouche plus épanoui sur cette sauce crème formidable d’équilibre.
Quant aux premières asperges vertes, et
surtout aux « morilles en mode orgie » (du rab en veux-tu en voilà),
je les imagine totalement faire un mariage de raison avec ce vin d’un terroir
tellement noble qu’il sublime même les cépages de plébéien…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire