La générosité d’un chef
est un bon marqueur de son amour du métier et de son respect du client. Bien
sûr remplir une assiette à ras-bord de grossière pitance n’a jamais fait un
beau plat, ni un bon plat, mais quand c’est bon, et qu’en plus on en a presque
trop (tout est dans le presque), on touche au bonheur ultime.
Cette « assiette
autour du veau », intitulé un peu pauvre mais néanmoins clair pour ce
grand plat panoramique dégusté il y a quelques mois, au cœur de l’hiver, à La Taverne Alsacienne du chef et de la famille Guggenbuhl, est un plat dont on se
souvient longtemps.
Déjà, il prend tellement de place sur la table que l’on n’arrive pas à le photographier en une fois, sauf à prendre du recul et un téléobjectif, on se dit que pour 27€, ce plat est presque de l’ordre du cadeau.
Parce que ce n’est pas tous les jours que l’on vous pose 4 assiettes pour n’en faire qu’une, parce que, passant ses yeux gourmands de gauche à droite, puis de droite à gauche, ces premières 10 secondes devant ce panoramique de veau sont déjà un grand moment de dégustation.
Il faut bien ces
quelques instants pour s’armer de ses outils, attacher sa serviette autour de
son cou, et se demander par où l’on va attaquer.
Naturellement, on débute au centre, avec quelques belles tranches de quasi, très bien cuites, posées sur du chou rouge qui sait garder de la tenue, accompagnées d’une quenelle de purée sacrément maison et céleri de souvenir, agrémentées d’un jus brun puissant et de quelques tranches de truffes pour fignoler le tout.
Naturellement, on débute au centre, avec quelques belles tranches de quasi, très bien cuites, posées sur du chou rouge qui sait garder de la tenue, accompagnées d’une quenelle de purée sacrément maison et céleri de souvenir, agrémentées d’un jus brun puissant et de quelques tranches de truffes pour fignoler le tout.
Ce qui serait partout
ailleurs la seule assiette du plat est ici le support à d’autres délices, car
attaché à cette base, vous trouverez un petit appendice plein de rognons (de
veau, bien sûr), cuits parfaitement, tranchés comme il se doit, rosés au cœur,
craquants autour, et se délassant dans ce même jus que précédemment, pour les
tenir juste chauds.
Vient le moment où,
avant de plonger littéralement dans la dernière tentation, on se détend
l’estomac avec quelques authentiques spaetzlés-maison, bien moelleux, un peu
grillés, avec ce goût sensible et cette texture douce comme la tendresse d’une
grand-mère.
Mais il faut être
honnête, la coupelle plus loin sur votre gauche vous susurre à l’oreille depuis
le départ, vous la mettiez de côté pour mieux vous y vautrer, car dans un lit
douillet de crème riche de mille sucs, à côté des quelques morceaux de
véritables champignons, trône un ris (de veau, vous l’avez compris) qui parait
plus que parfait. La perfection de la cuisson et de la tenue est ici atteinte,
le ris est généreux et généreusement grillé, mais bien blanc au cœur. Dans ce
bain de « sauce crème et jus de veau », c’est plus que gourmand,
c’est succulent.
C’est là que tout
s’emballe, on voudrait piocher dans toutes les assiettes à la fois, on revient
au début pour en finir, on alterne avec un rognon, une cuillère de spaetzlés,
puis on se noie dans la crème et le ris de veau. On finit le St Peray de Clape
de l’entrée qui se plait bien pour passer à un (rouge) Fonsalette d’Emmanuel
Reynaud qui prend son temps pour s’ouvrir, mais dont la classe naturelle
éclabousse cette soirée rieuse, gourmande et finalement sérieusement hédoniste
bien symbolisée par ce grand plat panoramique signé Jean-Philippe Guggenbuhl…et
que vivent les chefs généreux qui, visiblement, aiment vraiment leurs
clients !
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