Pour se ré-étalonner les
sens en Pinots Noirs majeurs, avant de repartir à la recherche des meilleurs alsaciens, il convient de se plonger régulièrement dans un verre des fleurons
bourguignons.
Le Domaine Denis Mortet est de ceux-là, et cette bouteille de Gevrey Village, sur un millésime qui, s’il est grand, n’est pas considéré (chose incroyable) comme celui de la décennie, voire du siècle (pourtant c’est le cas une année sur 4…), nous donnera la mesure pour ces prochaines semaines.
En y plongeant le
regard, on retrouve un grenat étincelant et suffisamment de profondeur pour s’y
perdre. Et y précipitant son nez, avide,
on retrouve beaucoup de fruits, plus sur la framboise-cerise que sur l’habituel
cassis d’ailleurs. On y décèle encore une once d’élevage encore bien présent,
qui apporte une certaine race, et une touche de suie et de fumée. A chercher un
peu plus loin, on se perd dans des notes de sang frais, de ronce vivace, avant
l’arrivée discrète du cassis.
En y baignant ses
papilles on trouvera un vin vivant, intense dès la prise en bouche, très fondu
en ouverture mais avec un gros final, un peu trop puissant au bout du compte.
Bien sûr il y a aussi un joli velouté, des fruits rouges mais aussi de l’orange
sanguine qui apporte une belle fraîcheur en milieu de bouche.
Au bout d’une heure,
cette bouche se ramasse et devient plus homogène, et révèle sa classe folle,
malgré son gros caractère. Le vin prend du corps au bout de 3 heures et devient
très gelée cassis-framboises-clou de girofle. Au nez, il passe sur le
cassis-mélisse, avec des fragrances d’huile de noix, tendues par des notes de
géranium. A l’œil, il reste sombre, mais un peu de lumière s’échappe de son
cœur.
C’est un vin classique
certes, sur l’entrée de gamme d’un grand domaine et d’une famille au
savoir-faire évident, sur un joli-millésime-prêt-à-boire, cela fait donc un bon
modèle.
Bien sûr, le
consomm’acteur que je suis ne peut pas oublier son prix, qui nous contraint
d’en acheter 1 bouteille au même prix que 2-4 ou 6 beaux Alsace du même cépage.
Mais il est toujours plaisant,
et, je le crois, nécessaire de se confronter à quelques modèles et autres
grands classiques avant de partir en quête de plus petites maisons ou d’autres
solutions, plus dans nos budgets. Je ne peux donc que vous conseiller de
multiplier les expériences…surtout quand on parle des bonnes choses de la vie.
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