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mercredi 9 octobre 2013

Une Chartreuse Tarragone 1977, pour aider à digérer cette année 2013

Il y a des années qui vous pèsent plus sur l’estomac que d’autres, des qui restent en travers, et cette année 2013 est de celle-là, incontestablement…et ce n’est pas ce triste début d’automne et ce temps de chien pendant les vendanges qui me poussent à l’optimisme béat pour la fin d’année.

Mais à chaque mal sa solution, grâce aux grands terroirs de France et de Navarre, alors, pour m’aider à faire glisser cette fin d’année 2013, je m’octroie un digestif mythique : une authentique Chartreuse des pères chartreux, une jaune de plus de 35 ans d’âge, encore de celles fabriquées à Tarragone !


Elle se présente dans une bouteille dont l’étiquette déçoit, car quasi identique à la « Voiron de nos jours », mais dont la contre-étiquette donne le premier frisson, dûment estampillée et certifiée par le Père Procureur de la Grande Chartreuse.
Le second frisson, qui me parcoure encore, arrive au premier nez, safrané à première vue, avec une poursuite cannelle-badiane de toute beauté : en quelques fractions de secondes et autant de fragrances vagabondes on sait qu’on va passer un immense moment !



Cet alcool, c’est le genre de Graal que les ultras-épicuriens cherchent ou envisagent sans penser qu’un jour ils pourront réellement s’y frotter (rareté et donc prix faisant), mais c’est trop vite oublier que « tout est possible, à condition d’être suffisamment insensé ».
Alors on y retourne, non sans s’être étalonné d’abord à la Chartreuse Verte VEP Voiron, celle de nos jours, avec sa bouche tendre au départ, finissant tout en puissance dans un déroulé sucré- herbacé.



Parce qu’en matière de déroulé, une fois qu’on retourne sur la Tarragone 1977, plus rien d’autre n’existe pendant un moment, l’alcool est tout en douceur, ce qui permet de le contempler plus tranquillement et d’en apprécier sa folle longueur.
En fait, il semblerait que tout l’herbacé de la VEP se transforme dans cette vieille Tarragone en épices et que chaque nuance se précise follement. La bouche débute sur le poivre blanc et le sucre de canne, puis se poursuit sur les épices jaunes, type curry-curcuma léger, avant de passer par la sensation d’un miel de fleurs, pour finir dans une brassée gigantesque de douce plante inconnue dans ma bibliothèque sensitive, et rien que pour ça, je touche au nirvana.

Qui plus est dans un cadre aussi agréable que le petit salon du Flocon de Sel du Chef Emmanuel Renaut, à Megève (souviens-toi du repas de fin de printemps 2013, c’est ICI), avec pour l’accompagner une infusion totale-verveine, de petits chocolats passionnants, car très légers en cacao et complètement souligné par les épices qui donnent encore plus de relief à la Tarragone77.
Les pâtes de fruits sont fabuleuses aussi, moelleuses (presque un peu trop) et légères ; celle au carvi cause d’amour avec la Tarragone également en un mariage inattendu et d’autant plus émouvant.
Il y a aussi quelque bonbons pris, fourrées à l’alcool, exercice total old-school mais revisité et éclairé pour la bonne et simple raison qu’il y a du bon à l’intérieur. Enfin, pour se remettre l’esprit à l’endroit, on croque avec délectation dans ces bugnes savoyardes, à la fleur d’orangers, à peine sorties de four…un délice primaire qui touche au cœur après que la Tarragone y ait appliqué son baume.   


Avec ça on digère, on oublie, pendant un temps assez long, les tracas de cette année difficile, tout de même illuminée par quelques grands moments-épicuriens et un arrivant inespéré, et pendant une heure ou deux en live, et des années encore en pensée, on peut plonger dans un rêve aux couleurs safran-mélisse, réglisse-délice…

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