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mardi 16 septembre 2014

La Mailloche 2005, du Domaine Stéphane Tissot, pourquoi le réduire à cela !

Un chardonnay du Jura, grand selon moi, mais qui est souvent bêtement ramené à son aspect de « réduction » par les grands-connaisseurs-à-œillères, pourquoi donc ?
Pourquoi ne pas parler du vin plus simplement, « j’aime, je n’aime pas, voilà pourquoi » ; pourquoi ne pas laisser cette vraie patte du vinificateur s’exprimer, laisser son vin évoluer, laisser sa terre d’argile jaune-marron se révéler ?

Parce que moi, il y a moins d’un mois, sur les hauteurs et dans l’air pur du fin fond du Valais, j’ai grandement apprécié ma plus vieille Mailloche.





En mirant cette robe, pleine d’éclat mais sur des teintes très vieil or, un jaune tirant sur le curry, avec un peu de brun naissant, on se met en appétit. Au nez s’ouvre un royaume de noisetiers devant nos sens ébahis. C’est omniprésent et entêtant, peut-être un peu trop, mais c’est remarquable. La bouche est fringante, superbe d’intégrité dans son discours forestier, avec de petites notes de jolis fruits blancs en poursuite.

Il est vrai qu’il est vraiment très fumé/grillé ce vin, énormément même, surtout après près de 10 ans ; il est vrai aussi, visiblement, que cela est le signe d’une grande « réduction » et de son effet sur un vin, mais le réduire à cela est stupide à mon goût. Et pourquoi on passerait cela à Coche-Dury et d’autres mythes de la Bourgogne, avec même quelques râles de bonheur en découvrant l’étiquette, et pas à Stéphane Tissot, pourtant sans doute un des 3 vinificateurs les plus talentueux du Jura ?     

De plus, quand on lui laisse quelques heures d’ouverture, cette robe révèle son jaune glorieux, quasiment baroque. En allant voir un peu plus loin que le bout de son petit goût et de ces petites papilles, on trouve une belle trace de sucrerie pâtissière, cette sensation de sentir ces fines  branches fraîchement coupées de l’arbre, un air de réglisse et même de la vraie pomme-poire à l’aération. Mais bon, il est vrai que le nez reste assez monolithique.
Pourtant la bouche est grasse en entrée, coulante en force, elle s’installe ensuite pour y rester. Elle se fait  de plus en plus veloutée, voire onctueuse.

Ce vin, je l’ai formidablement apprécié après quelques heures à crapahuter dans les forêts suisses. Avec une fondue au fromage, l’accord d’un vin aussi grand est un peu décadent, mais avec une authentique « moitié-moitié » fribourgeoise (Vacherin et Gruyère), on peut se le permettre, même si cela n’est clairement pas optimal. On pourrait même aller voir encore plus loin, garder encore quelques années cette bouteille et la mettre en face de jolis Meursault, sur une épaisse sole meunière, beurre et noisette.


On pourrait aussi aller voir plus loin que la « réduction », chers professionnels, car il y a bien d’autres choses dans ce vin, même s’il y a clairement de cela.
Mais dans vos bouches, cela semble rédhibitoire et ce mot savant ce suffit à lui-même ; dans la mienne, il reste du doute, et un joli plaisir de boire cette cuvée une fois de temps à autre, quand la vie l’appelle.
Vous qui semblez connaître tout par cœur, comment pouvez-vous, vu la jeunesse de cette cuvée et le manque d’expérience de tous sur ce genre de terroir, dans cette région atypique, avec un vinificateur qui sait vinifier, comment pouvez-vous être certain qu’il n’y a pas, là, une vraie trace de terroir ?


En tout cas, pour ma part, même si je ne pourrai boire de tels vins tous les jours, je les retrouve toujours avec plaisir et un peu subjugué, et en fait cela ne fait que renforcer ma Jura’ddiction !

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