La semaine dernière, je
suis retourné goûter le moment avec un ancien et quelques nouveaux camarades,
dans une adresse qui ne me venait plus jamais à l’esprit ces dernières
années….une adresse « loin des yeux, loin de l’estomac », un peu
perdue au bord d’une route annexe, sur les hauteurs du triangle d’or de
l’Alsace épicurienne.
Pourtant le coin est
fabuleux, perdu en plein cœur des prés et des forêts, en bordure d’une route
calme et pourtant tout à fait passante, même en hiver, quand il est tombé 50cm
de neige dans la nuit. De plus l’établissement est coquet, au goût du jour et on voit dès l’entrée le
sérieux de la famille qui tient ce beau petit hôtel-restaurant comme il en
faudrait tant.
Mais ce qui nous
intéresse, comme toujours, c’est l’assiette, ou plutôt les assiettes, et leur
rapport qualité/prix/plaisir. Sans aller
plus loin, je peux vous certifier qu’il est bon.
N’écoutant que notre
instinct et notre appétit, nous fondons sur le « Menu Logis » à 31€,
une menu 3 plats avec 2 choix à chaque fois.
Pour ma part, la question
ne se posait pas, j’ai craqué pour cette entrée champignons/fromage et, quand
arriva cette superbe assiette, la plus belle et la meilleure du menu, je ne fus
vraiment pas déçu.
Une belle tombée de girolles et chanterelles, bien fraîches
(même si elles ne viennent visiblement pas du coin), fermes et avec cette
petite fragrance forestière adorée. Celles-ci sont mêlées à du chèvre des
proches environs, un peu battu et délié et servi en pointe gourmande, ponctuant
le plat. Avec cela, du fruité révélé par de l’abricot, du croquant avec des
graines torréfiées et quelques noix caramélisées si je ne m’abuse, et une
vinaigrette douce. Le tout est escorté d’une moricette maison à la fondue
d’oignon pour aider à pousser et à récupérer le jus. Ce fut vraiment une belle assiette,
généreuse, avec de l’envie et de l’idée.
Ensuite je prends un
ragout de chevreuil, des bêtes tirées dans la région visiblement, et décliné,
comme si de rien n’était dans cette assiette à nouvelle fois gourmande, à
défaut d’être aussi fine et équilibrée que la précédente. Les nouilles au
beurre, c’est bête, mais c’est bon, qu’est-ce que c’est bon, surtout quand elles
trempent un peu dans la sauce et qu’on y ajoute des rogatons de chevreuil.
Il y a plusieurs
morceaux de viande, des os à rogner, quelques champignons dont des trompettes
des morts, toujours agréables sur le gibier.
On aurait simplement préféré une sauce encore plus chargée en goût et
plus lourde en texture ; mais quel plaisir, d’être sur cette terrasse ou
dans la salle au calme, en ce jour d’automne, à revenir sur cette assiette
généreuse.
Ce qui ne gâche rien à
notre plaisir, c’est que la carte des vins est très sérieuse et avec ces tarifs
qui donnent soif, et dont toutes les adresses qui se pensent être au centre de
tout, feraient bien de s’inspirer, au lieu de pleurer qu’elles ne vendent plus
de vin. Ici on trouve de grandes maisons d’Alsace et du bon en toute région,
entre 15 et 50€, et cela ne nous donne qu’une envie : revenir pour se
faire encore plus plaisir la prochaine fois.
On finira par un
sempiternel Brie au Kirsch, qui m’a un peu moins parlé que le reste des plats,
mais c’est comme ça avec les desserts que l’on ne mangeait que chez sa chère
grand-mère, il est impossible de les surpasser, sur quelques tables que ce soit.
Il est tout de même de la bonne taille, pour passer un « moment-gourmand-mais-pas-trop ». La crème est justement épaisse, le kirsch marqué, mais je préfère la crème plus lourde, comme la main qui l’arrose de cette fameuse eau-de-vie de cerise.
Il est tout de même de la bonne taille, pour passer un « moment-gourmand-mais-pas-trop ». La crème est justement épaisse, le kirsch marqué, mais je préfère la crème plus lourde, comme la main qui l’arrose de cette fameuse eau-de-vie de cerise.
Voilà une table à laquelle
je n’ai pas du manger depuis 20 ans, passant rarement devant et gardant une
image un peu ampoulée, vieillie-vielliot…et c’est une erreur, ce qui me
rappelle une fois de plus qu’il nous faut arrêter de nous concentrer et
passionner uniquement pour des tables en vue, au bord des axes passants et dans
les villages-villes-rues mythiques ; c’est certain, il y a bien plus de
bonnes surprises et de jolis rapports qualité/prix/plaisir quand on prend les
chemins de traverse.
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