Après une grande semaine
de reprise reviennent déjà les images et les senteurs de notre été, on sait
qu’on tiendra jusqu’à l’an prochain pour en croquer à nouveau mais on rêve de
pouvoir y retourner, en un claquement de doigts, pour quelques heures de purs bonheurs,
comme sur cette plage jaune pour une Siesta épicurienne, dans l’anse de l’Ile
Rousse.
Cette « plage à
table », installée à quelques dizaines de mètres du centre de cette ville
qui presque grouille de touristes en saison, se révèle d’un calme olympien dès
que l’on s’y installe, et plus encore en début ou en fin d’été.
Là vous aurez le choix du matelas et de la table, tout en première ligne, au plus près de la belle bleue.
Là vous aurez le choix du matelas et de la table, tout en première ligne, au plus près de la belle bleue.
La plage est faite pour
le farniente total, malgré sa proximité avec la foule, le parking et le chemin
de fer, écoutez, regardez, et appréciez…que « le monde » paraît
loin, la bande de plage n’est pas bien
large, les enfants ne peuvent pas forcément y courir et s’y vautrer
allégrement, alors, comme les parents, ils passent du temps dans cette salle
ouverte à un seul vent, plus ou moins couverte selon les coins et les besoins,
sur cette table nappée de blanc, à apprécier les bienfaits d’une cuisine de
plage certes, mais épicurienne et bonne vivante.
Le service est appliqué
et sacrément pro, autrement plus que sur quantité d’adresses comparables, du
côté de la métropole. Le fils veille, la mère surveille, et le chef de cuisine
régale. De ses langoustes vivantes ou de la pêche-du-jour-et-pas-de-la-veille,
et de quelques desserts gourmands, entres autres.
Pour notre part et pour
pousser le rosé des familles qui s’évapore de chaque verre un peu plus vite, on
s’est souvent fait plaisir avec un bon fritto-misto à l’apéro, ce tas de
crevettes, calamars, poissons, oignons, et même quelques petits poulpes (mais
pas assez) sacrément bien frits (donc pas gras collant). Juste assez chaud et
avec deux sauces et un trait de citron, c’est tout ce qu’il nous faut.
Ce petit plaisir qui
sent vraiment les vacances est un préalable très agréable, et nous met en
appétit avant d’attaquer le cru et
l’ultra-local, comme ce carpaccio de liche, ce gros poisson sportif, pas d’une
finesse folle, et qui avec cet assaisonnement simple est une aimable poursuite.
Pour plus de sensations et toujours autant de fraîcheur, voire même plus, vous
pourrez craquer pour le tartare de thon rouge, mais attention, pas n’importe
lequel, un tartare de thon corse. Le thon est corse, la recette aussi, il n’y a
pas à en douter. Je n’en avais jamais mangé de tel, je ne l’ai jamais mangé aussi
saignant, aussi nature, aussi brut de décoffrage.
On croirait presque, même
après 2-3 bouchées, que l’on est en face d’un tartare de taureau à vrai dire
tellement le muscle et le sang de ce poisson-star sont ici omniprésents, à
peine enveloppés par un assaisonnement quasi-transparent. A vrai dire, j’ai été
très surpris, presque déçu à la 4ème bouchée et passionné quand il
ne me restait plus que 3 fourchettes à taper dans cette assiette pleine de
vérité.
Après, pour les
gourmands impénitents, vous pourrez encore craquer pour un poisson du matin ;
pour ma part ce fût un beau sar, ce poisson tigré à l’œil pétillant de
fraîcheur, choisi au plateau, présenté à table, vendu entier, cuisiné de même.
On vous le servira avec force quenelle du meilleur goût, avec deux vraies
purées, céleri-pomme de terre légère et une carotte sucrée et épicée, la
dernière est un écrasé de tomate bien relevé. Cela accompagne avec plaisir
cette chair que l’on pourrait croire trop cuite à la photo, mais qui, en bouche,
fond tout en gardant sa tenue.
A ce stade, la deuxième
bouteille (ou demie pour les jours plus raisonnables) est déjà bien entamée,
alors pour nous aider à la terminer, nous hésitons entre un fondant au chocolat
très correct, mais sans rien d’incroyable, qui fera la joie des enfants, et une
brioche génialement caramélisée à la tatin, servie avec un pot de nuciola, une
sorte de nutell’o’noisette véritable, totalement corse. Ce dernier dessert est
un monument de gourmandise.
Vous l’avez compris, si
la mer est effectivement chaude et ses variations de couleurs magnifiques, si
l’Ile Rousse toute proche est pourtant agréablement quasi-invisible, si tous
ces atouts en font déjà un bel endroit, la table et la cuisine de la Siesta
font de cette plage épicurienne un spot incontournable pour les hédonistes
patentés (ou si peu).
Courage, vivement l’été
prochain…
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