Aujourd’hui, en
2014-2015, les tables gastronomiques font 25 couverts par repas et ont une
« petite » table qui en fait 100, tourne trois fois par service et
envoie de la petite gastronomie d’aujourd’hui ! C’est le cas, depuis quelques temps déjà, chez Jean-François Piège et Thierry
Costes, et votre serviteur se devait de s’y rendre.
Alors bien sûr c’est
Paris 7ème, ajoutons à cela le caractère historique de cette
brasserie remis au goût de demain, plus les deux précédents noms cités, et
c’est certainement cela qui fait que certains prix marchent un peu sur la tête.
Pourtant y a du plaisir
à s’installer à ces petites tables collées-serrées comme au bistrot, même si
vos voisins, Paris 7ème oblige, ne vous adresseront jamais la parole
ni même un regard. Mais le plaisir principal, une fois digérés les tarifs, on
le trouve surtout dans l’assiette.
Dans ce Rolls de homard
par exemple, cette entrée tellement « Paris prout prout », on retrouve
un vrai plaisir à attaquer ces rouleaux goûteux, so fresh, avec (plus que) ce
qu’il faut de laitue et de mozza, (moins que) ce qu’il faut de homard bleu
juste cuit, et une belle vinaigrette de fromage blanc. Mais ce qui fait twister
la bouche, ce sont bien tous ces petits pickels-maison qui traînent et se
cachent dans les rouleaux. A cause de cela, on se jette là-dessus comme des
morts de faim, et on y arrive rapidement au bout.
Dans la série « grande petite gastronomie d’aujourd’hui », il y a du produit name-dropé et de l’envie de saison, évidemment, et si Canal+ nous le révélait hier (dans un doc pas mal néanmoins), nous le savions depuis quelques années déjà. Chez Thoumieux aussi, ainsi, il y a un petit mois, on nous proposait une suggestion à base des fameux Canard de Madame Burgaud et moult cèpes. Un plat aussi juste, avec de tels produits, dans une brasserie, c’est assez exceptionnel, avouons-le. Les cèpes sont frais-frais, mandolinés d’un côté, en purée de l’autre, en fricassée enfin. La viande est vraiment belle, d’une cuisson impeccable, les cuisses sont un peu confites, le magret bien rosé, avec du goût et une juste mastication, qui ne fait que prolonger le goût et le plaisir de manger.
Mais c’est sur les plats "snacking++" type pizza et burger qu’on juge d’une « adresse
hype à la mode du moment ». Si je me moque un petit peu, il faut avouer
que j’aime ça, ces fooding deluxe et quand c’est bien fait, avec de vrais
produits, il n’y a rien à jeter. Ces deux plats sont en plus des
incontournables signatures du lieu depuis sa création, il me fallait donc les
goûter. La pizza est soufflée, croquante et fourrée d’ingrédients évidents,
mais bien dosés, mozza fondue, olive, chorizo et piquillos. C’est une belle
entrée féminine, généreuse et finalement assez légère, pleine de goût et du
plaisir d’y plonger.
Pour la suite, on plonge dans le burger-maison, un sacré morceau qui cale son homme, avec une belle viande, un steack fraîchement haché, bien épais, et carrément juteuse. Le pain est étonnant, un peu trop épais et très brioché, mais, avec de la tenue et très croustillant. L’assaisonnement et les compléments de plaisirs directs qui parachèvent ce sandwich majeur en font un des meilleurs que jamais goûtés. Les frites originales et crantées, font plus que de la figuration, elles sont bonnes, mais moins que ce généreux burger.
Il y a les tarifs des
plats qui sont costauds, certains assez dingues, d’autre tout à fait justifiés,
voir même bon-marché vu le lieu, le service et l’assiette, mais alors, là où ça
déborde, c’est vraiment sur le vin. Encore un endroit où, à première vue, il
faut être millionnaire pour sortir ivre. On nous propose, bien en évidence à la
carte, des vins aux verres et en carafe et ça, c’est bien, mais 37,5 cl de
Meursault 2007 d’Ente à 90€, ça va pas du tout ! Bien sûr on a pris un
simple bourgogne blanc bien moins cher, bien sûr aussi, en fouillant dans la
carte des vins, on a trouvé une bouteille (75cl) de rouge simplette (une Syrah
de Jamet des Collines Rhodaniennes) mais fort agréable autour de 40€, mais
mettre de tel tarifs en exergue, ça ne donne pas soif à la majorité des clients
et amateurs, croyez-moi.
En desserts, on continue
à craquer et à tomber en totale régression, avec les célèbres Churros’n’Roll’s
, de simples Churros, mais délicieux, même si la friture pourrait être plus
neutre. En tout cas ils sont impeccablement frits et croustillants, et on les
plonge avec délectation dans un vrai-faux Nutell’à base de chocolat et noisette
coulants. Egalement saupoudrés de bonbons type Frizzy Pazzy, ils feront pétiller
la bouche et retrouver la madeleine des vieux trentenaires. C’est bête comme chou, et ça joint l’utile à
l’agréable.
Pour les plus classiques
d’entre nous, il y aussi un mille-feuille minute assez bien réalisé et assez
bien vanillé, un peu trop feuilleté mais moins marquant, incontestablement.
Cette adresse est
vraiment bonne, vraiment dans l’air du temps et de son arrondissement, même si
les tarifs bloqueront une bonne partie des amateurs et des provinciaux. Mais
j’ai été agréablement surpris par la clientèle bigarrée, il y avait visiblement
des riches (rappelons que ce sont ceux qui gagnent 2-3 fois plus que toi…quoi
que tu gagnes) mais aussi des tables plus raisonnables, il y avait de vieux
anglais mais aussi des tables de jeunes français, il y avait des additions à 4
chiffres, mais aussi quelques bons-cadeaux sur mesure, des vieilles qui se
marrent et de jeunes byznessmen qui s’ennuient, des couples légitimes et
illégitimes, bref il y avait de tout, comme dans les assiettes de cette très
juste brasserie finalement, et c’est ce qui fait sans doute, son succès et
l’image de la grande « petite haute gastronomie » d’aujourd’hui !
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