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jeudi 7 août 2014

Châteauneuf-du-Pape 2004, Domaine du Vieux Télégraphe, facétieux et sérieux à la fois

En ce doux jour de plein été, la brise suffit à nous donner envie d’une caresse chaude et rhodanienne. Sachant qu’un Vieux Télégraphe s’apprécie plus amplement au bout d’au moins 10 ans, on se décide à ouvrir une seconde bouteille (on en reparlera à la fin) de cette bouteille de maison sérieuse, sur le millésime 2004.





A l’ouverture, la robe n’est pas si sombre que cela, elle est d’un beau grenat au cœur, légèrement transparent. Au nez il est assez discret, très monolithique néanmoins sur la cerise noire burlat, envoûté par l’âme du Rhône. Il semble même qu’on y retrouve une petite trace lactique. La bouche, elle, est tout de suite à l’équilibre, pas si dense ni pleine que ça, avec un corps de fruits rouge certes, mais aussi une belle finesse et des notes finale de thym et de fenouil sauvage.


Avec ça je n’ai souvent qu’une envie : un beau gigot d’agneau, de Sisteron pour ma part sur ce coup, mais j’imagine plus encore avec un agneau de pré salé du Mont Saint Michel.

Plus facile à faire que ça, il n’y a pas, il faut « juste » une grande viande, puis la poser sans y penser sur la lèchefrite, et y jeter moult réjouissances : des courgettes (4 variétés : normale, ronde jaune, violon et une autre variété libanaise dénichée au marché chez un petit maraîcher sudiste, mais dont je n’ai pas noté le nom) de tailles volontairement disparates, pour que certaines confisent, d’autres brûlent un peu et que les dernières soient fondantes et bien cuites. Ajouter à cela une tête d’ail coupée en deux et gorgée d’huile, des cébettes, quelques olives niçoises, un poivron débité en lamelles, quelques herbes et avanti delizia !


A table, et avec un peu de patience (4h),il garde un peu d’ alcool volatile au nez, suivi de cassis et de figue, et il s’enorgueillit d’une pointe de menthe poivrée. De légères notes de cola apportent la gourmandise et en fait un Châteauneuf étonnant. En bouche il a toujours une belle fougue, avec bien plus de jus que de fruits à compote ! Son corps fuselé est presque surprenant et le fait qu’il développe une réelle (sur)puissance en finale, finit d’en faire un vin facétieux et sérieux à la fois.



Avec le gigot et la vue sur la grande bleue, il est presque formidable,  il se fond sérieusement dans le moment et l’ambiance. Mais le plus facétieux, c’est que ce même vin, de la même caisse, ouverte il y a moins de 3 mois chez un ami en Alsace, avec une température extérieure bien plus fraîche avait un caractère beaucoup plus gourmand, chaud, rond, plein de tout. C’était exactement ce que l’on attendait de cette bouteille à ce moment-là de l’année, mais il y a quelques semaines, on préférait plus de finesse et de fraîcheur…dire que le vin se transforme selon nos envies est un peu trop ésotérique, mais notre perception, même analytique, elle, sans doute…

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