En ce doux jour de plein
été, la brise suffit à nous donner envie d’une caresse chaude et rhodanienne.
Sachant qu’un Vieux Télégraphe s’apprécie plus amplement au bout d’au moins 10
ans, on se décide à ouvrir une seconde bouteille (on en reparlera à la fin) de
cette bouteille de maison sérieuse, sur le millésime 2004.
A l’ouverture, la robe n’est pas si sombre que cela, elle est d’un beau grenat au cœur, légèrement transparent. Au nez il est assez discret, très monolithique néanmoins sur la cerise noire burlat, envoûté par l’âme du Rhône. Il semble même qu’on y retrouve une petite trace lactique. La bouche, elle, est tout de suite à l’équilibre, pas si dense ni pleine que ça, avec un corps de fruits rouge certes, mais aussi une belle finesse et des notes finale de thym et de fenouil sauvage.
Avec ça je n’ai souvent
qu’une envie : un beau gigot d’agneau, de Sisteron pour ma part sur ce
coup, mais j’imagine plus encore avec un agneau de pré salé du Mont Saint
Michel.
Plus facile à faire que
ça, il n’y a pas, il faut « juste » une grande viande, puis la poser
sans y penser sur la lèchefrite, et y jeter moult réjouissances : des
courgettes (4 variétés : normale, ronde jaune, violon et une autre variété
libanaise dénichée au marché chez un petit maraîcher sudiste, mais dont je n’ai
pas noté le nom) de tailles volontairement disparates, pour que certaines
confisent, d’autres brûlent un peu et que les dernières soient fondantes et bien
cuites. Ajouter à cela une tête d’ail coupée en deux et gorgée d’huile, des cébettes, quelques olives niçoises, un poivron débité en lamelles, quelques herbes et
avanti delizia !
A table, et avec un peu
de patience (4h),il garde un peu d’ alcool volatile au nez, suivi de cassis et
de figue, et il s’enorgueillit d’une pointe de menthe poivrée. De légères notes
de cola apportent la gourmandise et en fait un Châteauneuf étonnant. En bouche
il a toujours une belle fougue, avec bien plus de jus que de fruits à
compote ! Son corps fuselé est presque surprenant et le fait qu’il développe
une réelle (sur)puissance en finale, finit d’en faire un vin facétieux et
sérieux à la fois.
Avec le gigot et la vue
sur la grande bleue, il est presque formidable, il se fond sérieusement dans
le moment et l’ambiance. Mais le plus facétieux, c’est que ce même vin, de la
même caisse, ouverte il y a moins de 3 mois chez un ami en Alsace, avec une
température extérieure bien plus fraîche avait un caractère beaucoup plus
gourmand, chaud, rond, plein de tout. C’était exactement ce que l’on attendait
de cette bouteille à ce moment-là de l’année, mais il y a quelques
semaines, on préférait plus de finesse et de fraîcheur…dire que le vin se transforme
selon nos envies est un peu trop ésotérique, mais notre perception, même
analytique, elle, sans doute…
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