Ce n’est pas parce que
les beaux jours tant attendus s’imposent que vous souhaitez tous manger en
terrasse, ni parce que la route des vins d’Alsace fête ses 60 ans que vous
voulez tous manger ensemble dans les mêmes adresses…
Mais viendez quand même, ici il y en a pour
tous les goûts, je vais vous évoquer très rapidement deux petites adresses sympathiques,
du sud au nord de la région, sans terrasse et hors de la route des vins.
La première se situe
dans la banlieue de Mulhouse, dans la petite ville de Rixheim qui ne se caractérise
pas par son charme, c’est le moins que l’on puisse dire, mais qui cache une
adresse vraiment sympa : Le 7ème Continent du Chef Laurent
Haller.
Arrivé devant un bâtiment
qui donne envie d’entrer et dans des salles qui donnent envie de manger, on
s’attable pour une Formule Affaire à 36€ tout compris, de l’apéro au café, avec
deux verres de vin en plus. En fin mai dernier, quand le temps était encore au
froid-dure, on m’a judicieusement servi une salade d’asperges au foie gras
fumé, un foie de veau épais à la purée d’artichauts et une coque rhubarbe-fraises.
La salade était sans
doute le meilleur plat du menu, parfaite de goût, sans pesanteur, chacune des
asperges (blanches, vertes, violettes, sauvages) ayant sa cuisson spécifique,
l’assaisonnement est léger et très peu vinaigré, quelques fleurs d’ail des ours
ajoute du relief, mais c’est le foie gras fumé au foin qui complète
parfaitement l’entrée. Il apporte sa texture, ce côté novateur (on se
souviendra néanmoins du superbe foie gras fumé du chef Husser, à Marlenheim,
dans la « meilleure choucroute du monde » en lien ICI), et un superbe
dosage du goût.
Pour la suite, j’ai
beaucoup apprécié la purée d’artichauts qui est le compagnon évident d’un beau
foie de veau, j’ai aussi beaucoup apprécié la volonté du chef de faire manger
ces bas-morceaux d’aujourd’hui qui faisaient la grandeur des cuisines
bourgeoises d’autrefois. Coupé aussi épais, on attendait beaucoup de fondant au
cœur, malheureusement celui-ci était un peu nerveux, donc un peu dur à mon
goût, mais le jus gras rattrape le tout et le plaisir reste. Pour le dessert,
on repart sur une assiette plus petite mais qui remplit tout à fait sa
fonction, on finit en fraîcheur, avec un peu d’acidulé et un vrai goût de
fraise-sans-extrait. Pour ce qui est du vin et du reste, salle, service, j’en
garde sous le pied car un de ces mois prochains, j’irai faire un tour plus
complet de la carte, voilà une chose certaine…
Sans transition aucune,
traversons la région et perdons-nous dans les alentours du centre de
Strasbourg, sur le Boulevard Clemenceau, pour un petit détour par l’adresse
bistro’nomique dont tout le monde parle : Les Sales Gosses.
On y retrouve une
clientèle bigarrée et hétéroclite comme on aime, et un service à l’unisson, une
cuisine simplette à midi en menu déjeuner (à très bon tarif) et plus interprété
à la carte. On y retrouve surtout l’ambiance de ce genre d’adresse, pleine à
craquer d’habitués et de « bouche-a-oreille » bobosnob adorable. Il
faut dire que la maison a une bonne idée, changer totalement sa carte toute les
six semaines - en cela elle n’est pas la seule - mais lui donner une direction
claire et régionale à chaque fois : désormais c’est « La côte
Adriatique, de Naples à Venise », il y a quelques semaines c’était
« Oléron » lors de mon passage.
Pour y voir plus clair,
j’ai pris les plats à la carte qui me semblaient vraiment plus intéressants, en
entrée, j’ai craqué pour une terrine pied de mouton et saumon, quenelle de
gribiche, puis un pavé d’Angus, frites maison et condiment Oléron, ainsi qu’un
tiramisu au caramel beurre salé.
L’entrée était
plaisante, avec la texture étonnante, voire caoutchouteuse du pied de mouton,
qui tranche avec le fondant du saumon, qui trouve plus que sa place dans cette
terrine améliorée et modernisée. La quenelle de gribiche est là pour nous
ramener dans la tradition, et ce goût a vraiment du bon.
Pour le plat, que dire,
mis à part qu’il est très classique mais bien différencié une fois encore par
le condiment mêlant gingembre, huîtres et herbes diverses. Ce qui pourrait
passer pour une étrange idée est assez juste et suffit à changer la physionomie
du plat. On le picore du bout du couteau avec de belles tranches de bœuf, assez
bien cuit et on se repose les papilles avec des frites, un peu molles mais,
dont on sent clairement le côté maison.
Pour le dessert on est
plus sur quelque chose d’évident, mais très bien effectué, le caramel beurre
salé se retrouve aisément dans le tiramisu qui prend un grand coup de
gourmandise, frôlant le too much, mais agréable pour finir son repas.
Pour en finir avec cette
adresse, il faut tout de même que je vous dise que le service est jeune et
enjoué(e), sans pesanteur mais sans trop d’attention non plus, par contre, et
je ne peux vous le cacher, il semble y avoir un sérieux problème au niveau de
l’accueil…pour ne pas en dire trop…mais logiquement, si vous êtes fan de ce
genre d’adresse, cela ne vous empêchera pas d’y passer un bon moment.
Voici
« rapidement » deux adresses qui ne sont pas particulièrement citées
dans les « vieux » guides, pas au bord des chemins lumineux du
vignoble alsacien, mais qui méritent un détour si vous aimez ne pas aller
manger comme tout le monde…et parce que tous les goûts sont dans ma nature, je
me fais une joie de vous les présenter « rapidement », à la sauce
Epicure…
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