S'il y a une région de France que je vénère - sorti de l'Alsace - c'est clairement la Provence et si dans celle-ci je devais choisir ma première (ou ma dernière d'ailleurs) destination: ce serait les Baux !
Pour cette route sinueuse, tout d'abord, qui entre St Rémy et Maussane vous emmène dans ce coin des Alpilles par les voies dérobées. Cette route encadrée de roches tendres, ces paysages qui hésitent entre l'idyllique et le périlleux font que le simple fait de parcourir ce chemin me propulse déjà dans ma dimension parallèle, dans mon monde personnel.
Car ce rocher, cette avancée est posée sur mes souvenirs d'enfants, sur mes chimères d'adolescents et mes rêves d'adulte. Et tous les touristes du monde ne pourront jamais gâcher les images ancrées, où j'ai toujours cru être seul au Monde.
Jusqu'au jour où Une (the One), puis deux Belles ont plus que naturellement eu le droit de m'accompagner dans Mon rêve - puisqu'elles le nourrissent - et dans Mon coin de Paradis au coeur de ce Val d'Enfer.
Vieux reste de réflexe païen ou pas, ce caillou m'inspire le respect et me fait penser qu'il y a ici une part de vérité cachée, dont je sens au fur et à mesure des visites, poindre le sens.
Toutes ces élévations ne m'empêchant pas, bien au contraire, de continuer à penser aux besoins essentiels de la vie, ainsi un peu plus loin on retrouve notre petite adresse de Maussane, où nous faisons toujours un déjeuner sur cette jolie terrasse. Ce déjeuner, toujours là pour calmer les excès, c'est encore mieux passé cette année, malgré le changement de proprio et de chef.
En entrée un peu de brousse corse et des beignets de fleurs de courgettes de toute première fraîcheur, y a t'il meilleur en cette période, avec un peu de rosé frais-sans-intérêt ? je ne pense pas !
Ensuite pour mes compagnes ce sera une salade de saumon fumé. Avec de la salade, de la vraie, des tomates-cerise mûres, vraiment ; ça peux paraître con mais de plus en plus c'est sur les fondamentaux qu'on juge de la volonté d'une adresse. Le saumon est bon, les oignons doux, le fenouil efficace, la vinaigrette, un peu réfléchie, bref que du simple et donc, du bon !
Pour moi ce sera plus étonnant comme choix mais j'avais envie d'un bon club-sandwich tout frais, je ne fus absolument pas déçu. Cet exercice repris partout, du palace à la gargote est souvent un bon marqueur également pour étalonner une adresse. Ici il y a plus de tomates qu'ailleurs, une sauce aussi pour éviter la sécheresse, le pain est grillé sur toutes les faces et les jambons sont pas trop indus, cela suffit pour nous régaler...
Cela suffit surtout à nous préparer pour ces deux jours de repos-des-guerriers, car le but est de ce ressourcer et de vivre au calme, en plein milieux de ces paysages transcendants.
D'ailleurs depuis son transat, on tourne la tête à gauche et voilà ce qu'on découvre et à droite c'est pareil, l'hôtel étant à ce point intégré qu'il se fait quasi-invisible.
C'est pour cela que j'aime tant la Cabro et sa piscine, cet hôtel installé là depuis 50 ans cette année et qui attire depuis, tout ce que l'humanité a compté de bons viveurs.
Je ne connais pas un autre endroit où, tout en profitant d'une sacrée dose de confort et de luxe-raisonné, on se sent à ce point au milieux d'une Nature qui nous dépasse et qui a ici plus qu'ailleurs, un côté divin.
Il faut avoir vécu quelques heures dans ces Terres pour comprendre l'alchimie tellurique des lieux et comprendre pourquoi les hommes arrivent à de grandes choses dans ces vallons.
Il faut surtout passer par le vignoble pour comprendre l'âme des vins d'ici, marqués par les embruns provençaux, déposés par un vent chaud et tournant, qu'on pourrait croire incessant.
Ce vent (regardez-le à l'oeuvre dans la vidéo ci-dessus) qui dépose sur les raisins tout ce qu'il a arraché aux alentours, âmes y compris ; le soleil et la chaleur qui, par la force du minéral omniprésent, rayonne de partout tel un four à chaleur tournante, tout ici concourt à faire des vins exceptionnels.
(A ce sujet, relire ICI l'article complet sur un immense vin dégusté il y a peu, un Trévallon rouge 2001)
Je suis tellement amoureux des Baux...de ces lambeaux de calcaire, tantôt doux et polis, tantôt dangereux et acérés...mais encore bien moins que mes deux Belles qui m'ont fait revenir au Paradis et qui je le sais, garderont la sensation qu'ici, il se passe un peu plus que la Vie...
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