J'arrive "faim prêt", fin fatigué à la maison, me gare sur le parking et là, après quelques pas, encore au coin de la ferme familiale j'ouvre mes narines....snif snif....diantre mais ça sent déjà dehors ou je rêve ??......visiblement je ne rêve pas, ça a bien l'air d'être ça.
Je m'approche donc à tout petit pas, profitant de chaque inspiration pour "apprécier" la force de l'effluve.
En entrant dans la cuisine, là ça devient vraiment entêtant, fort, prégnant, une vraie odeur de gras, de feu, de chair et de sang.
Les sens en folie, l’esprit obnubilé, seul mon œil est encore activé, que vois-je malgré sa position hors de vue : une collerette qui me dit quelque chose même de loin….
La bouteille est des plus fatiguée, l’étiquette a pris bien cher, mais y a pas de doute, c’est une grande dame que voila.
Après quelques fouilles méticuleuse on déchiffre les infos : La Tâche - millésime 1984 - numéro 005195 !!!!
Mon esprit rebondit de l'un à l'autre, mon âme papillonne devant les verres, s’imprègne des casseroles pour s'enivrer de ces fumets si renversant.
Bouffée d’émotion, ode à la perfection, voici venu le temps de ma première Société Civile du Domaine de la Romanée Conti, le jour même de ma première bécasse !!!!.
L’ouverture d’un tel petit monument est une sensation toujours magique dont je ne me lasserai jamais, un moment plein de questions et précautions, d’aboutissement et de rêve.
A l’ouverture, je demeure quasiment envoûté par la robe claire, aérienne et épaisse en même temps, du plus beau rouge qu'il m'aie été donné de voir depuis longtemps.
Je prend le verre en main, l'amène à mon nez, inspire, tremble comme une feuille, et repose le verre sans goûter.
Revenons à ces belles bêtes, doucement et sûrement je m'habitue à ces fumets, puissants, carnés, ça sent la vie et la mort aussi.
Ça sent surtout la forêt de fin d'automne et le garde manger d'un ogre négligeant.
Bref ça sent milles et unes choses dont il est certain que nous n'avons pas l'habitude.
Repartons vers le verre où m'attend ce jus des fruits du jardin des Hespérides ; inspiration profonde, et là, je suis instantanément transporté en plein cœur d'un jardin de curé, entouré de dix essences de roses anciennes, on s'y croit, sans même fermer les yeux.
En bouche, c'est encore différent, fruité en beauté, poli par le temps, fumé élégant.......c'est pas que ce soit immense ou impressionnant, non c'est juste la définition du BON !.
Je sers de grand verre à chacun, on pose bête et tartines sur la table, et en avant l’aventure, on commence à la fourchette, 1 minute 30 plus tard on dégage nos couverts pour attaquer avec les doigts.
Je sers de grand verre à chacun, on pose bête et tartines sur la table, et en avant l’aventure, on commence à la fourchette, 1 minute 30 plus tard on dégage nos couverts pour attaquer avec les doigts.
Sourire figé sur un rictus carnivore, on attaque les petites pattes, toutes confites-grillées. Rahahahhahahalalalallalalalala lovely.
A partir de ce moment, la famille vibre ensemble, tapant dans la poêle des petits rogatons, glissant dans son verre, tout chakras ouvert, tous les feux au vert.
On assortit la puissance et le côté "vivant" de ces odeurs avec cette fine gelée de groseille qui macule le verre, les deux s'entendent plus qu'ils ne se complètent, il est vrai que le vin semble "perdre" un peu mais c'est surtout que la Bécasse "gagne" beaucoup.
On finit par attaquer les flancs, à même la poêle, on se partage en se passant ça avec les doigts, imprégné le tout de sucs gras......ça sent le sang de la vie et un peu les remugles de l'existence aussi.
On finit par attaquer les flancs, à même la poêle, on se partage en se passant ça avec les doigts, imprégné le tout de sucs gras......ça sent le sang de la vie et un peu les remugles de l'existence aussi.
Mon père pense, ma mère rabote les os et moi je croque l'Instant....
On finit la bouteille en rêvassant, je me réserve la dernière rasade, pleine de lies fines, et là j'en reprend plein la gueule, c'est vraiment définitivement BON, finalement bien plus évident qu'il n'y paraît, c'est pas si compliqué que ça, juste génialement BON.
On finit la bouteille en rêvassant, je me réserve la dernière rasade, pleine de lies fines, et là j'en reprend plein la gueule, c'est vraiment définitivement BON, finalement bien plus évident qu'il n'y paraît, c'est pas si compliqué que ça, juste génialement BON.
Une matière en pleine équilibre au dessus d'un ravin de bon goût, une gelée de groseille et de rose, une marmelade fine de mille fraises, et ce côté fumé-terre’patiné qui anoblit le tout.
Quand à cette viande, c'est l'esprit même du gibier, du faisandé qui virevolte lourdement en nous et dans nos murs, ce soir on a pris le plein de vie et de mort, de foie et de sang, et de cette chair pleine, ferme, stratifiée, imprégnée de tous les bienfaits de l'été et d'un air de liberté perdue.
Quand à cette viande, c'est l'esprit même du gibier, du faisandé qui virevolte lourdement en nous et dans nos murs, ce soir on a pris le plein de vie et de mort, de foie et de sang, et de cette chair pleine, ferme, stratifiée, imprégnée de tous les bienfaits de l'été et d'un air de liberté perdue.
Merci à ces gens fabuleux qui nous ont donné ces cadeaux du ciel, merci à mes parents pour ces offrandes que seuls les Dieux ne doivent pas nous envier.
Et surtout, oui surtout MERCI à la Nature, celle qui, quand on sait l'attendre, peut être tellement généreuse...
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