Le ciel étoilé alsacien s'est enrichi d'un nouvel astre depuis ce week-end, d'une Etoile qui, après avoir éblouie plusieurs générations de gourmets, de gourmands et de gastronomes, s'en est allée.
Sa petite auberge de village à peu a peu attiré de fin palais d'un bout à l'autre de la planète, mais c'est bien depuis Illhaeusern que la légende s'est écrite à force de travail, d'abnégation, de passion et aussi, d'un talent hors du commun.
Chaque épicurien a déjà visité ce temple, en rêve ou en projet pour certains, dans la douce réalité pour d'autres plus chanceux et pourra ainsi continuer à parler et à transmettre le message de ce grand Monsieur de la culture française. Un message fait de perfectionnisme simple, de vraie gentillesse et d'une philosophie du "bon moment" qu'il a su souffler sur chacun des convives de son restaurant durant toutes ces années sans avoir pourtant à trop se montrer en salle, uniquement par la simple force de ces plats, créations mythiques ou améliorations célèbres de certains plats du terroir alsacien.
J'ai eu personnellement la chance d'avoir pu me rendre 7 fois dans cette grande maison ces 15 dernières années et à chaque fois, les jours précédents le jour J servaient à compter les caudalies me séparant du moment tant attendu. A chaque fois la même fête sensorielle débouchait sur une soirée pleine de délices, de sourires, et d'un certain supplément d'âme qui faisait de ces instants, des forts et beaux moments.
Si je ne devais retenir que deux souvenirs des plats du chef, je parlerais de ma première Volaille de Bresse Miéral rôtie à la broche accompagnée d'un petit baeckaoffa aux truffes.
Génial équilibre entre la qualité exceptionnelle du produit et la perfection de la cuisson, accompagné et soutenue du mariage entre l'apparente simplicité de ce plat de terroir alsacien envoûtée des divines fragrances de ces petits cailloux noires.
Mais mon souvenir le plus fort est sans doute cette sensation à ce jour encore inexpliqué; lors de ma troisième visite, jour de mon vingtième anniversaire, de belles et grosses larmes se sont mises à couler dès ma première bouchée de la fameuse mousseline de grenouille du chef. Ni moi ni ma famille, présente ce jour, ne s'est jamais vraiment expliqué cette émotion qui m'a submergée ce jour là. Il y a bien sûr ces moments tant appréciés au milieu de ceux que j'aime, il y a bien sûr la qualité irréelle de ce plat mythique goûté pour la première fois, mais il y a aussi toute l'alchimie mise en place par l'ensemble de la famille Haeberlin, qui ce jour là, pour moi, touchait au sublime. Des moments comme celui-ci je n'en ai guère connu, ils sont gravés en moi pour toujours et c'est en grande partie grâce à eux que je dois mon Amour des bonnes choses.
Bien sûr, aussi triste soit le moment présent, tout ne s'arrête pas en cette fin de semaine, la grande force de l'homme est de n'avoir cessé de former ses employés et sa famille et à leur faire partager sa vision de l'excellence. On ne doute pas une seule seconde de l'envie (et encore moins des capacités) de la Famille de faire perdurer cette belle aventure gastronomique alsacienne pendant encore des décénies à son plus haut niveau.
L'Auberge de L'Ill, son Auberge de L'Ill, à encore de bien beaux jours devant elle et il semble évident que l'on reparlera encore de ce grand Monsieur en ces murs et en dehors, pendant de très nombreuses années, le faisant ainsi passer définitivement à la postérité et au panthéon des figures de la gastronomie française, pour que tels d'autres grands hommes, on ne l'oubli jamais.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire