Pinot Gris GC Muencheberg 2006, Domaine OSTERTAG, Péché d'impatience...

Je le savais pourtant que ce vin n'en était encore qu'au stade des promesses paradisiaques, mais l'impatience des impénitents est excusable, et puis j'ai une bonne raison : éveiller en vous quelques tentations de simple perfection.

Cette vigne de Nothalten nous livre son secret avec parcimonie, "sois un peu patient", elle semble me dire.

Je ne l'ai pas écoutée, j'ai ouvert ce Pinot Gris Grand Cru Muenchberg A360P du Domaine Ostertag à Epfig, sur le millésime 2006, un des vins d'Alsace qui m'avait le plus bluffé lors de mes dégustations de l'année passée...et grand bien m'en a pris.

Bien sûr tout cela ne demande qu'à s'affiner, mais quelle puissance dans ce vin, dans ces incantations qui se dévoilent petit à petit.

A l'oeil, ça brille telle une robe extra-lucide, d'un jaune évanescent aux reflets métalliques.

Au nez, on croit reconnaître une famille de petits fruits, plongés dans un puits.

Avec un peu de concentration, et le breuvage nous pénétrant, on retrouve cette sensation de réglisse, de notre Zan d'antan.

Ce vin remonte des profondeurs, il en a la fraîcheur, ainsi que la vibration tellurique. Plus la bouteille disparaît, plus apparaît des notes plus aisées de mirabelle de juillet, de lilas en fleurs.

Et si cette bouteille atypique nécessitait un accord pour le moins dangereux, je pense de suite à ce Chaud-froid de Saint Jacques, crème d'oursins de chez Chabran.

Une crème qu'on croit tout juste sortie du fin fond des océans, qui s'élève et s'élève toujours plus haut dans le goût ; les quenelles, tout en gros morceaux de Saint Jacques nous ramène heureusement les papilles sur terre.

Au bord de la mer, sur le Pont de L'Isère, ou mieux encore, dans les vignes d'Epfig, un vin de voyage comme ça, fait tout le sel de la terre.